The Synod of Constantinople (1872).

Actes du saint et grand synode tenu à Constantinople, dans l’église patriarcale du glorieux martyr saint Georges le Victorieux, au sujet de la « Question religieuse bulgare », pendant les mois d’août et de septembre de l’an de grâce 1872.

Session I.

Au nom de Dieu tout-puissant, notre Sauveur Jésus-Christ, en l’an de grâce 1872, le XVme de l’indiction, le 29 du mois d’août, jour de la mémoire du glorieux prophète saint Jean Baptiste le Précurseur, sa sainteté 1e patriarche œcuménique a convoqué à Constantinople, dans l’église vénérée du glorieux martyr saint Georges le Victorieux, le saint et grand synode, composé de sa sainteté le patriarche œcuménique Anthimos, de leurs saintetés Anthimos et Joachim, anciens patriarches de Constantinople; de sa sainteté et béatitude le pape et Patriarche de la grande cité d‘Alexandrie, Sophronios; de sa béatitude le patriarche de la ville de Dieu Antioche, Hiérothéos; de sa béatitude le patriarche de Jérusalem Cyrillos; de sa béatitude archevêque de Chypre, Sophronios; de leurs éminences les métropolitains d’Ephèse, Agathanghélos; d’Héraclée, Panarétos; de Nicomédie, Dionysios; de Nicée, Joannicios; de Chalcédoine, Gérasimos; de Derci, Néophytos ; de Tournovo, Grégorios; de Didymotichon, Dionysios; d’Iconium, Sophronios; d’Ancyre, Chrysanthos; d’Enos, Mélétios; de Samos, Gabriel; de Sozouagathopolis, Procopios; d’Imbros, Païsios; de Sévastia, Païsios; de Mélitopolis, Eugène; d’Anastasiopolis, Cyrillos; de Pamphios, Dionysios; de Chariopolis, Gennadios; d’Argyropolis, Athanasios, et de Laodicée, Parthénios; des très pieux prêtres: du grand protosyncelle (vicaire) de la grande église, Dorothéos; du grand archimandrite de la grande église, Bénédictos; de l’archimandrite directeur de l’école de théologie de l’île de Chalki, Grégorios, de l’archimandrite directeur de la grande école patriarcale, Philothéos; des archimandrites, professeurs de théologie, Nicéphoros, Jean et Hilarion; du premier secrétaire de la commission centrale ecclésiastique, l’archimandrite Germanos; de l’archimandrite, représentant ordinaire de la montagne sacrée (mont Athos), Gennadios, du monastère d’Esphigménou ; du curé de l’église de Vlanga des saints Théodores, l’archimandrite Eugène ; du curé de l’église de saint Jean de Galata, l’archimandrite Cyrillos; du curé de l’église de sainte Euphémie de Chalcédoine, l’archimandrite Ambrosios; du protosyncelle Callinicos; du syncelle de la grande église Métrophanès; et des pieux diacres: le grand archidiacre de la grande église Constantin; des professeurs de théologie Grégorios et Constantin; du docteur en théologie Constantin et du révérend père Arsénios, représentant ordinaire de le montagne sacrée du monastère d’Ibères.

D’abord on préluda, devant le saint évangile, par la cérémonie de l’ouverture, comme il suit: Sa sainteté le patriarche revêtu de la chape, de l’étole, du pallium et tenant la crosse à la main, prononça la bénédiction, puis on récital l’hymne trisagion et on chanta les motets: Εὐλογητὸς εἶ Χριστὲ ὁ Θεὸς ἡμῶν … (Tu es béni, Jésus-Christ, notre Dieu …). Lorsque le Seigneur descendit et confondit les langues … L’Esprit saint prodigue tout … La mémoire d’un juste est rappelée avec des louanges … Comme libérateur des prisonniers … Tu as fort réjoui les orthodoxes … Gloria … Soit glorifié, Jésus-Christ, notre Seigneur … Et aujourd’hui … Roi des cieux … Ensuite on lut des Actes des apôtres (ch. XX, 16): Car Paul avait résolu de passer Ephèse sans y débarquer … et de l’évangile selon saint Jean (ch. VI, 5): Jésus donc ayant levé les yeux … et l’on chanta: Nous avons vu la vraie lumière … Enfin le diacre récita la prière: Seigneur, ayez pitié de nous … Et ensuite fut prononcée la formule finale de la cérémonie.

Puis tous les membres du synode prirent leurs places respectives et apposèrent par ordre leurs signatures dans le livre de présence, à l’exception du patriarche de Jérusalem, qui fut empêché par une émotion momentanée; c’est pourquoi il fut laissé, sur sa demande, un espace vide dans l’ordre des signatures. En même temps les secrétaires nommés, les très pieux Callinicos, archimandrite, premier secrétaire du synode permanent, et les diacres Philothéos et Athanasios, occupèrent leurs places respectives.

Alors, au milieu de tous les assistants debout et contrits, sa sainteté le patriarche œcuménique Anthimos, président du saint et grand synode, récita le symbole sacré de la foi. Ensuite tous les pères du synode s’étant assis, sa sainteté préluda aux travaux par l’allocution suivante:

Très saints et bienheureux patriarches et mes autres frères et mes fils en Jésus-Christ.

Les saints apôtres du Seigneur remplis de l’Esprit saint, se conformant à son commandement divin où il leur dit: « Allez donc, et instruisez toutes les nations, les baptisant au nom du Père et du Fils et du saint Esprit, » et enseignant « à garder tout ce que qu’il leur a commandé », ont établi les églises de la terre, qu’ils ont fortifiées par les préceptes divins et par leurs décrets sacrés, recommandant à leurs successeurs de les observer religieusement: « Prenez donc garde, » disaient-ils, « à vous-mêmes et a tout le troupeau, sur lequel le saint Esprit vous a établis évêques, pour paître l’église de Dieu, qu’il a acquise de son propre sang » (Actes des apôtres, ch. XX, 28). Leurs successeurs sacrés observant fidèlement cette recommandation, furent les gardiens vigilants de ce dépôt. Et si jamais des loups ravissants entraient dans le bercail du Seigneur, sans pitié pour le troupeau, ou des gens qui annonçaient des choses pernicieuses s’élevaient pour attirer après eux les disciples du Seigneur, les successeurs des apôtres, couverts de l’armure de l’esprit, marchaient contre eux et les repoussaient au loin.

Ainsi nos bienheureux pères nous ont transmis pure et sans altération la doctrine divine de notre Sauveur et les institutions sacrées de l’église, en se réunissant dans des conciles locaux ou œcuméniques, soit pour sanctionner quelque doctrine vraie et apostolique, soit pour repousser toute doctrine étrangère et hostile à l’enseignement des apôtres, hors de l’enceinte de la ville bâtie sur les fondements établis par les apôtres et les prophètes, et dont Dieu est l’ouvrier, la source, le principe et l’architecture.

Beni soit Dieu, mes chers frères et mes chers enfants, qui dans sa grâce et sa miséricorde infinies a bien voulu nous réunir ici, et nous permettre de nous rencontrer ; qui a voulu nous éprouver et nous fournir l’occasion de montrer que, bien qu’indignes, nous sommes les successeurs véritables de nos bienheureux pères, et les fidèles gardiens du dépôt divin que nous ont transmis ceux qui, dès le principe, étaient les témoins oculaires et les serviteurs du verbe.

Vous savez, mes vénérables frères, que treize années entières se sont écoulées depuis que, dans la circonscription de notre siège œcuménique, se sont élevés quelques gens qui annonçaient des choses pernicieuses et qui, arborant le drapeau de l’apostasie, ont osé attirer les disciples après eux et dresser, à côté du sanctuaire de l’église catholique, un autel illégitime. Vous savez bien, mes vénérables frères, tout ce que nos très saints prédécesseurs et nous-mêmes nous avons fait de notre poste de surveillance, depuis le mois de février, pour mettre fin à cette révolte et pour détourner de le mauvaise voie les tentateurs et les ramener dans la voie du Seigneur. L’exposé que nous en avons fait nous-mêmes et dont vous allez entendre la lecture vous apprendra ce qui a été tenté dans la suite, pour le même but.

Le très pieux archimandrite Nicéphoros, professeur de théologie, donna alors lecture de l’exposé patriarcal, dont voici le texte:

Le but et les motifs qui ont provoqué, avec la grâce de Dieu, la réunion de ce saint et grand synode, ne sont un secret pour personne: la terrible révolte religieuse à laquelle a donné lieu, depuis douze ans, la trop fameuse question bulgare, c’est-à-dire les prétentions contraires aux canons élevées par ceux qui se disent les représentants des Bulgares; la désobéissance ouverte, les scandales et les infractions aux canons répétés tous les jours dans certaines provinces bulgares par leurs évêques, et surtout, tout récemment, l’institution téméraire et arbitraire, centre toute règle et tout droit divin, d’une autorité ecclésiastique distincte, composée de prélats rebelles, et la participation, en connaissance de cause ou non, de plusieurs Bulgares laïques à ces iniquités, sont autant de faits notoires, connus de tout le monde, des cléricaux et des laïques. Mais pour donner une idée exacte des faits et pour prouver, d’un côté, les efforts conciliants et la conduite canonique de le grande église dans la question, de l’autre, l’aveuglement et l’opiniâtreté des chefs du mouvement bulgare, nous ferons précéder notre exposé d’un récit succinct, mais fidèle et exact, des derniers événements. Cet exposé formera la suite historique des rapports et des mémoires adressés par la grande église à leurs béatitudes les patriarches et aux autres églises indépendantes.

Pour que notre récit suive fidèlement la marche des faits, nous rappelons les événements survenus, pendant la dernière période du pontificat de sa sainteté Grégorios, notre prédécesseur. Au moment où la grande église s’efforçait, dans un esprit de mansuétude et d’amour maternel, d’amener les chefs du mouvement bulgare à accepter les concessions consenties par elle dans son dernier projet, qui vous est bien connu, fut rendu, contre toute attente, un firman impérial, qui, donnant à la présente question une solution contraire aux canons et aux institutions de l’église orthodoxe, changea complètement la marche de la question et rendit très pénible la position de l’église devant cette révolte religieuse, devenue plus hardie et plus téméraire. L’église voyant alors le danger qui menaçait une si nombreuse population orthodoxe, par suite de la tournure que prenaient les événements, jugea nécessaire la réunion d’un concile œcuménique, pour donner une solution définitive à cette question.

Le gouvernement, pour des raisons restées inconnues a l’église, ne voulut point permettre la réunion d’un concile œcuménique. De leur côté les chefs des Bulgares firent les derniers efforts pour faire échouer cette mesure salutaire, et allèrent même jusqu’au blasphème, accusant de partialité ce tribunal-suprême et infaillible de l’église catholique orthodoxe de notre Seigneur Jésus-Christ.

Dans cet état de choses, comme la réunion d’un concile œcuménique avait échoué et que chaque jour on rappelait comme une menace l’exécution du firman impérial, sa sainteté notre prédécesseur donna sa démission et quitta le siège patriarcal. C’est alors que nous fûmes appelés à succéder à sa sainteté au moment où les représentants des Bulgares avaient déjà soumis à la Sublime Porte les statuts nationaux et ecclésiastiques, comme il les appellent, et où ils préparaient déjà l’élection d’un exarque.

Ayant ainsi été appelés à la direction de nos affaires ecclésiastiques, nous avons considéré comme un devoir de nos fonctions pastorales de poursuivre de tout notre pouvoir et par tous les sacrifices l’œuvre de conciliation, autant que le permettaient les canons sacrés; de faire, même au delà, tout ce que la longanimité, la charité chrétienne et le devoir maternel de l’église nous accordaient pour retenir ce peuple orthodoxe dans les bornes de la foi de nos pères; et cela, bien que, selon leurs déclarations solennelles, les chefs bulgares eussent considéré la question comme depuis longtemps résolue, et qu’ils n’eussent consenti d’aucune façon à répondre à notre appel, disant: Que le temps où une pareille entente était possible, était passé, et que par conséquent il était oiseux de chercher à s’entendre (Livres des procès-verbaux, 1868, p. 185); bleu, que: disons-nous, nous eussions trouvé le différend, surtout après la publication du firman impérial, tellement avancé, nous avons cru d’autant plus nécessaire de suivre cette voie de conciliation, que nous devions effacer tout soupçon, que la grande église n’eût pas employé la dernière clémence, pour arriver à une solution pacifique de la question; d’autant plus que certaines entrevues, que nous avions eues précédemment avec les notables bulgares, nous faisaient sincèrement espérer que, avec les secours de Dieu, ces brebis égarées seraient rentrés dans la voie canonique. C’est cette espérance qui nous a fait reprendre, après nous êtes concertés avec le gouvernement impérial, les négociations interrompues, sur la base du dernier projet ci-dessus mentionné.

Il serait inutile et oiseux de rappeler ici tous les détails de ces négociations ; qu’il nous suffise de dire que, sous le rapport des conditions proposées et de l’étendue des concessions, l’église a épuisé tout moyen de clémence et d’accommodement ; qu’elle n’a rien omis de ce qui pouvait satisfaire toute juste réclamation des représentants bulgares au sujet de la formation d’un exarcat ecclésiastique dépendant. Tandis que, pendant l’espace de trois mois, nous travaillions sans relâche et sans nous épargner aucune fatigue, avec sincérité et abnégation, à l’œuvre de la conciliation, de l’apaisement et de la solution canonique de la question, l’acte hardi du 6 janvier est venu tout-à-coup, dans un temps où nous espérions arriver à une entente définitive prouver les véritables desseins des fauteurs de la question bulgare et détruire tout espoir de conciliation et d’apaisement.

Après cet acte hardi et téméraire, par lequel ils ont foulé aux pieds les canons sacrés, la grande église jugeant qu’elle assumerait une grande responsabilité devant l’église universelle, si elle persistait dans la voie de la tolérance et de la clémence, interrompit toute négociation avec eux et adressa à la Sublime Porte, le 8 janvier, un rapport, où elle dénonçait cet acte comme contraire aux lois de l’église, appelait l’attention du gouvernement sur cet état de choses et demandait de droit la punition par le bras séculier des coupables et la dissolution du conciliabule (παρασυναγωγή) d’Ortakeui. Ensuite nous avons réuni au patriarcat, le 15 janvier, un grand synode qui a dégradé les ci-devant archévêques de Philippopoli, Panarétos, de Lophtza, Hilarion, et a excommunié l’évêque déjà dégradé de Macariopolis, Hilarion, qui ont tous osé, contre toute loi, célébrer l’office divin. En même temps nous avons adressé des lettres encycliques au pieux peuple bulgare, pour le préserver de l’abîme de la rébellion, où le poussaient ces mauvais pasteurs et ses prétendus représentants. Tous ces actes furent, selon l’usage ecclésiastique, communiqués aux autres églises nos sœurs. Nous avons en même temps invité les quatre archevêques rebelles, ceux de Sophia, de Vidin, de Nyssava et de Velisso, d’abjurer leurs erreurs et de retourner à la discipline canonique. 

Quelques jours après, nous nous sommes rendus à l’invitation de son altesse le grand vizir, qui nous a exprimé sa douleur pour les actes illégaux des prélats bulgares, et nous a promis leur punition par le bras séculier; promesse qui fut accomplie le jour même par l’exil des coupables à Nicomédie. En même temps son altesse nous a clairement fait savoir, que le firman impérial serait inévitablement mis en vigueur, si nous ne parvenions pas à nous entendre prochainement avec les Bulgares, et nous a engagés à reprendre les négociations interrompues. A ces paroles de son altesse nous avons répondu que, malgré notre ardent désir d’arriver à une entente, il nous était impossible, dans l’état où les choses en étaient arrivées, de reprendre les négociations. Mais son altesse persista, et depuis elle nous a plusieurs fois transmis le même désir; de nôtre côté, comme nous ne pouvions rien entreprendre de nous-mêmes, nous avons remis toute démarche jusqu’au 30 janvier, jour où nous avons convoqué une assemblée générale.

Ce jour, après une sérieuse et mûre réflexion, il a été décidé que l’église reprendrait les négociations, lorsque le pieux peuple bulgare aurait, par la voie légale, renié les actes impies des prélats rebelles et aurait de fait reconnu l’autorité des canons sacrés. Dans le cas contraire, elle devrait attendre la décision de l’église universelle. En même temps nous avons procédé à la nomination d’une commission de cinq membres, chargée de s’occuper de la question, aussitôt que la clause ci-dessus serait accomplie.

Dans cet intervalle les trois prélats dégradés revenaient de leur éloignement de quatre jours environ et tout le conciliabule d’Ortakeui recommençait, ouvertement et comme s’il y eût été autorisé, les mêmes actes illégaux que l’église avait condamnés, conformément aux canons sacrés. Nous avons alors de nouveau protesté devant l’autorité séculière contre le rappel des archevêques dégradés et contre la continuation des actes illégaux; mais non seulement notre protestation resta sans effet, mais encore une réponse de son altesse le grand vizir, transmise le jour même, nous attribuait des dispositions diamétralement opposées aux nôtres et rejetait, contre toute attente, sur l’église la responsabilité de la séparation des Bulgares; séparation que nous poursuivions, y était-il dit. En même temps son altesse nous annonçait qu’elle avait résolu de mettre à exécution le firman impérial, ce qu’elle fit en effet, en ordonnant aux chefs bulgares de procéder à l’élection de leur exarque.

Le 16 février, après la réunion de la seconde assemblée générale au patriarcat, réunion provoquée par l’élection de l’exarque, nous avons notifié à la Sublime Porte que l’église ne reconnaissait pas l’élection d’un exarque, et que, considérant tout autre acte de cette nature comme illégal, elle appliquerait les peines édictées par les canons sacrés, tout en rejetant la responsabilité sur ceux qui les foulent aux pieds.

Quelques jours après, son altesse le grand vizir nous exprima le désir de nous voir rédiger et lui communiquer un projet définitif pour la solution de cette question, nous promettant de retarder la promulgation du bérat de l’exarque et sa reconnaissance par le gouvernement, et de soumettre ce projet aux Bulgares, dans le cas où son altesse l’approuverait elle-même.

En conséquence de cette communication, ayant délibéré avec notre saint synode, nous avons décidé (bien que cela fût évidemment Opposé à l’a résolution expresse de l’assemblée, et que les Bulgares nous parussent très peu disposés à céder) de donner encore ce signe plus manifeste que tous les autres des dispositions conciliantes de l’église, et nous avons chargé la commission de cinq membres, déjà constituée, d’élaborer un projet pour la formation d’un exarcat s’administrant par lui-même et formé des provinces de l’Hémus, tout en conservant l’obédience canonique envers l’église de Constantinople.

Malheureusement cette dernière tentative échoua comme les précédentes, car ce dernier projet ne reçut aucune réponse de la Sublime Porte, qui, pour toute réponse, promulga l’ordonnance concernant l’exarque. Celui-ci, aussitôt arrivé à Constantinople, fut reconnu par le gouvernement impérial qui publia bientôt le bérat impérial y relatif. Ainsi le conciliabule d’Ortakeui, resté jusqu’alors sans chef, en eut un.

Le 4 avril, l’exarque des Bulgares, élu par des prélats dégradés et reconnu par bérat impérial, nous demandait, par des intermédiaires, à paraître devant nous. A cette demande, après en avoir délibéré avec notre saint synode, nous avons répondu par un membre du clergé envoyé à cet effet, que l’église, le reconnaissant seulement comme métropolitain de Vidin, ne pouvait satisfaire à sa demande, à moins qu’il ne se conformât aux décrets canoniques de l’église, ainsi que nous le lui avions précédemment annoncé. Plus tard il nous adressa la même demande, mais nous lui répondîmes de nouveau qu’il devait d’abord répondre, par écrit, à, la lettre synodique que nous lui avions adressée à Vidin.

Le 15 avril, par des lettres successives, où il signait: « le métropolitaine Vidin, Anthimos, exarque des Bulgares », ce qui nous les fit renvoyer par le même messager, il nous demanda l’autorisation canonique d’officier pendant les saints jours de pâques. Après en avoir délibéré avec notre saint synode, nous lui défendîmes tout exercice de son ministère, en lui rappelant que, en cas de désobéissance, il encourrait les peines ecclésiastiques. Dans cette occasion il s’abstint de tout acte sacerdotal; mais le 20 avril, il nous annonça brusquement, par une lettre portant la même signature, lettre que nous lui avons renvoyée comme précédemment, qu’il considérait comme illégale la peine infligée aux prélats qui l’entouraient, et qu’il se verrait forcé de la déclarer nulle, à moins que nous ne nous empressions de la rapporter nous-mêmes. Nous avons naturellement déploré l’aveuglement de cet homme, et, le 27 du même mois, nous avons convoqué un synode extraordinaire, composé de leurs saintetés les patriarches et des prélats présents à Constantinople, où il fut décidé que, tout en considérant les actes d’Anthimos, ci-devant métropolitain de Vidin, comme illégaux et punissables, l’église, dans l’espérance et dans le désir de le voir se repentir, prolongerait sa longanimité encore un mois; et cela d’autant plus qu’on nous annonçait la prochaine arrivée de leurs béatitudes les autres patriarches. Alors pour tranquilliser les consciences du peuple orthodoxe nous avons publié des lettres encycliques dans le même sens.

Telle fut la résolution prise par l’église dans sa longanimité et sa tolérance, mais cet homme insensé a eu l’audace d’officier, le 11 mai, jour de la mémoire de nos saints pères Cyrille et Méthodius, dans l’église de Saint-Etienne de Balata, assisté des deux archevêques dégradés et de l’archevêque excommunié qu’il déclara relevés de la peine canonique qui leur avait été infligée par le saint synode. C’est pourquoi nous avons de nouveau convoqué un grand synode où nous avons dégradé Anthimos, ci-devant archevêque de Vidin, ainsi que les prêtres et les diacres qui l’assistaient; nous avons excommunié les deux archevêques déjà dégradés et nous avons prononcé l’anathème contre Hilarion déjà excommunié. Cet acte et cette décision furent aussi communiqués aux autres églises indépendantes.

Telle est, en peu de mots, dans la question dont il s’agit, la suite des derniers événements: ils prouvent que l’église a épuisé tous les moyens que les lois lui permettaient d’employer pour réprimer les désordres et mettre fin aux actes illégaux, et que, de leur côté, les fauteurs de la question bulgare méprisant la tolérance et la longanimité maternelles de l’église et les peines qui leur ont été infligées par elle suivant les canons divins et sacrés, afin de les amener à résipiscence, ont continué et continuent encore à commettre ouvertement et sans aucune retenue toutes sortes de délits. Dernièrement ils sont même allés jusqu’à sacrer des évêques, non seulement pour des sièges vacants, comme pour celui de Samacow, mais aussi pour d’autres sièges où les prélats canoniques exercent encore leur ministère. Cependant le scandale parmi le peuple orthodoxe est à son comble; notre sainte religion est insultée; l’unité de l’église est rompue; un grand nombre de pieux Bulgares, dans cette capitale et dans les diocèses, se rangent dans leur simplicité avec les rebelles, et un nouveau principe antichrétien, la vipère du phylétisme (distinction de race et de nationalité dans l’église) s’insinuant au milieu d’un peuple pieux, menace de verser le venin de la division et de la discorde au milieu de peuples qui ont la même croyance ; de peuples que le chef et le fondateur de notre foi, Jésus-Christ lui-même, a convoqués à l’unité et a réunis par la foi en lui et l’amour du prochain en une sainte église catholique et apostolique.

Ceci étant établi, il est facile, mes vénérables frères et mes chers fils en Jésus-Christ, de comprendre quel est notre devoir au moment où nous nous réunissons par l’assentiment et la grâce divine en un grand synode. Le saint évangile exposé devant nos yeux, les canons sacrés de l’église dont nous avons été choisis les gardiens, et l’exemple de nos saints Pères, nos prédécesseurs, qui ont donné leur vie pour conserver le dépôt de la foi, sont autant d’enseignements clairs pour nous. Montrons que nous comprenons tous notre vocation et notre mission dans cette circonstance critique de l’église, et, appelant avec humilité le secours divin, accomplissons le devoir qui nous est imposé par les canons sacrés, afin d’éloigner le scandale, d’apaiser les consciences troublées des fidèles et de préserver le peuple orthodoxe de cette erreur nouvelle et de la désobéissance à la sainte église.

Comme les chefs du mouvement bulgare ont pris pour point de départ de leur rébellion et de leur apostasie de leur mère l’église le principe du phylétisme; que c’est sur ce principe qu’ils ont appuyé dès le commencement toutes leurs prétentions; que c’est par ce principe qu’ils ont entraîné et trompé un grand nombre de pieux Bulgares, et qu’ils en sont venus à commettre tant de délits, examinons l’écriture sainte, la tradition sacrée, l’histoire et les canons de l’église, et, après mûre délibération, prononçons-nous en l’Esprit-Saint sur ce principe; examinons s’il est admissible dans l’église chrétienne, selon ce qu’ils prétendent, ou si, au contraire, il doit être repoussé.

Après la lecture du rapport patriarcal, sa sainteté le patriarche Grégorios a dit:

« Nous avons ouï le rapport de sa sainteté le patriarche œcuménique, qui démontre le but de la réunion de ce grand et saint synode et qui détermine la question sur laquelle nous devons porter toute notre attention. C’est pourquoi je crois nécessaire de nommer une commission composée de prélats et de docteurs du synode et chargée d’étudier mûrement la question et de nous présenter un rapport exact appuyé sur la doctrine évangélique et les canons sacrés, et accompagne de son avis qui sera soumis à la délibération de ce grand et saint synode. Je propose comme propres à remplir cette mission les vénérables pères, Dorothéos Evelpidès, grand protosyncelle, l’archimandrite Nicéphoros Glycas, professeur de théologie, l’archimandrite Philothéos Bryennios, directeur de la grande école patriarcale, dans le cas où il plairait au saint synode de les agréer. »

Sa sainteté le patriarche Joachim a dit: 

« J’approuve la proposition de sa sainteté le patriarche Grégorios pour la nomination d’une commission, ainsi que les noms proposés par elle. Mais comme sa sainteté a dit que cette commission doit être composée aussi de prélats et qu’elle n’en a proposé aucun, je propose pour faire partie de cette commission leurs éminences les métropolitains de Chalcédoine, de Derci, de Didymotichon et de Nyssa, s’il plait au saint synode de les agréer. Je crois aussi bon que leurs béatitudes nos frères proposent ceux parmi le clergé de leurs sièges qu’elles croiraient propres à prendre part aux travaux de cette commission. »

Sa sainteté et béatitude le pape et patriarche d’Alexandrie a dit:

« Approuvant moi-même la proposition concernant la nomination d’une commission, je propose de ma part le pieux diacre Constantin Valiadès. »

Sa béatitude le patriarche je Jérusalem a dit:

« J’accepte aussi la nomination de cette commission, mais, pour ma part, je n’ai personne à proposer comme propre à en faire partie. »

Sa sainteté le patriarche Joachim a répondu:

« Au contraire vous avez quelqu’un de parfaitement compétent: c’est le savant docteur, l’archimandrite de votre église, Benjamin. »

Sa sainteté le patriarche Grégorios et beaucoup d’autres pères ont approuvé cette proposition et se sont exprimés en faveur du dit archimandrite, et comme sa béatitude le patriarche de Jérusalem n’opposa rien à cette proposition, l’archimandrite Benjamin fut nommé membre de la commission.

Sa béatitude l’archevêque de Chypre a dit:

« Comme je n’ai pas moi-même une personne plus compétente à proposer, j’accepte aussi et je propose de ma parte le pieux protosyncelle Callinicos qu’on vient de nommer. »

Leurs éminences les métropolitains d’Ancyre et de Vélégrada proposèrent aussi de leur part le pieux archimandrite Germanos Aphthonidès, et le saint synode approuva la nomination de tous les membres proposés, au nombre de onze.

Ensuite sa sainteté le patriarche Joachim a dit:

« Combien de temps faudra-t-il à la commission pour préparer son rapport et le soumettre avec son avis à la délibération du saint synode? »

Sa sainteté et béatitude le pape et patriarche d’Alexandrie a dit qu’il fallait accorder pleine liberté à la commission qu’on venait de nommer, pour qu’elle eût le temps d’accomplir à son aise l’importante mission dont elle était chargée ; et qu’ensuite on pourrait fixer le jour où sa sainteté le patriarche œcuménique convoquerait pour la seconde fois le saint et grand synode.

Cet avis fut approuvé par tout le saint synode, ensuite sa sainteté le patriarche leva la séance.

† Anthimos, patriarche de Constantinople, votant en même temps pour sa sainteté Anthimos de Byzance, ancien patriarche de Constantinople.

† Grégorios, ancien patriarche de Constantinople.

† Joachim, ancien patriarche de Constantinople.

† Sophronios, patriarche et pape d’Alexandrie.

† Hiérothéos, patriarche d’Antioche.

† Sophronios, archevêque de Chypre.

† Agathanghélos d’Ephèse.

† Panarétos d’Héraclée.

† Dionysios de Nicomédie.

† Ioannicios de Nicée.

† Gérasimos de Chalcédoine.

† Néophytos de Derci.

† Grégorios de Tournovo.

† Dionysios de Didymotichon.

† Sophronios d’Iconion.

† Chrysanthos d’Ancyre.

† Mélétios d’Enos.

† Gabriel de Samos.

† Païsios d’Imbros.

† Anthimos de Vélégrada.

† Callinicos de Nyssa.

† Dionysios de Svornic.

† Ignatios de Lititza.

† Païsios de Vratza.

† Eugénios de Mélitopolis.

† Cyrillos d’Anastasiopolis.

† Dionysios de Pamphilos.

† Gennadius de Chariopolis.

† Athanasios d’Argyropolis.

† Parthénios de Laodicée.

† Dorothéos Evelpidès, grand protosyncelle, votant en même temps pour sa grandeur Païsios évêque de Sévastia.

Bénédictos, archimandrite.

Grégorios Photinos, directeur de l’école de théologie de Halki.

Philothéos Bryennios, directeur de la grande école patriarcale.

Nicéphoros Glycas, archimandrite.

Jean Anastasiadès, archimandrite.

Hilarion Canacès, archimandrite.

Germanos Aphthonidès, archimandrite.

Gennadios de Lavra, archimandrite, représentant ordinaire de la montagne sacrée.

Porphyrios d’Esphigménou, archimandrite.

Cyrillos Grégoriadès, archimandrite.

Ambrosios Chrestidès, archimandrite.

Callinicos Photiadès, protosyncelle.

Métrophanès, grand syncelle.

Constantin, grand archidiacre.

Grégorios Zigabénos, diacre.

Constantin Vaphiadès, diacre.

Constantin Valiadès, diacre.

Arsénios d’Ibères, moine.

Callinicos Eutychidès, archimandrite, premier secrétaire du saint synode permanent.

Session II.

Le douze du mois de septembre de l’an de grâce mil huit cent soixante-douze, le premier de l’indiction le jour du mardi, devant le saint évangile, se sont réunis sous la présidence de sa sainteté le patriarche œcuménique Anthimos, leurs saintetés les anciens patriarches de Constantinople Grégorios et Joachim; sa sainteté et béatitude le pape et patriarche d’Alexandrie Sophronios; sa béatitude le patriarche d’Antioche, Hiérothéos; sa béatitude l’archevêque de Chypre, Sophronios; leurs éminences les métropolitains, leurs grandeurs les évêques, les très pieux prêtres et archimandrites et les autres pères composant le saint et grand synode. Après la cérémonie d’usage, et lorsque tous les pères du synode eurent pris leurs places respectives et signé dans le livre de présence, il fut communiqué au saint synode que sa sainteté l’ancien patriarche de Constantinople Anthimos, sa béatitude le patriarche de Jérusalem Cyrillos, et sa grandeur l’évêque de Sévastia Païsios étaient absents et avaient tous justifié par écrit leur absence ; que son éminence Procopios, métropolitain de Sozoagathopolis, démis récemment de son siège, était remplacé par son successeur, son éminence Théophilos, métropolitain de Sozoagathopolis, et qu’un nouveau membre, l’archimandrite Parthénios, supérieur de la succursale du monastère du mont Sinaï à Constantinople, prenait séance sur l’invitation de sa sainteté le patriarche œcuménique.

Après ces communications, sa sainteté et béatitude le pape et patriarche d’Alexandrie a dit:

« Il serait bon d’ajouter au bureau encore un secrétaire élu par le saint synode. »

Cette proposition ayant été approuvée par tous les membres, on choisit le très pieux archimandrite Germanos Aphtonidès. Celui-ci s’étant excusé pour motif de santé, on choisit pour le remplacer le docteur Constantin Valiadès, qui accepta volontiers, mais exprima respectueusement l’appréhension que ces nouvelles fonctions ne l’empêchassent d’exercer ses devoirs de membre du saint synode.

Son éminence le métropolitain de Nicée Ioannicios proposa alors pour secrétaire le pieux diacre en second de la grande église, Gérasimos, qui fut aussi agréé par sa béatitude le patriarche d’Antioche Iérothéos et quelques métropolitains. Mais comme la plupart des pères persistaient dans l’élection précédente et assuraient que les fonctions de secrétaire ne limitaient nullement les droits comme membre du saint synode, le pieux docteur Constantin Valiadès se rendit à ces observations et prit place au bureau du saint synode.

Puis le pieux archimandrite Callinicos, un des secrétaires du synode, se leva et donna lecture du procès-verbal de la séance précédente qui fut approuvé.

Ensuite sa sainteté le patriarche Grégorios prit la parole et dit:

« Quel fut le résultat de la démarche faite par la délégation de trois membres élus hier chez son éminence le métropolitain d’Héraclée, pour se rendre auprès de sa béatitude le patriarche Cyrillos qui ne s’était pas rendu à cette entrevue particulière? »

Sa sainteté le patriarche œcuménique Anthimos répondit:

« La délégation a accompli sa mission et nous a rapporté de la part de sa béatitude, en réponse à la lettre d’invitation patriarcale, une lettre dont lecture va être faite sur-le-champ. »

Sa sainteté le patriarche Joachim:

« Je demande que la délégation nous communique le résultat de sa mission avant la lecture de la lettre en question. »

Son éminence le métropolitain de Nicée Ioannicios dit:

« Nous étant rendus hier soir chez sa béatitude le patriarche de Jérusalem, nous le trouvâmes avec sa béatitude le patriarche d’Antioche et l’archevêque de Chypre. Nous lui dîmes que le but de notre visite était, ainsi que nous en avions reçu mission de leurs saintetés et de leurs éminences les patriarches et les métropolitains réunis en une entrevue particulière chez son éminence le métropolitain d’Héraclée, de lui annoncer que la commission, chargée de rédiger le rapport, venait de terminer son travail, et de nous informer de la cause qui avait obligé sa béatitude de s’absenter de cette entrevue particulière. Sa béatitude nous répondit : « M’étant rendu chez son altesse le grand vizir je n’ai pas pu me rendre chez son éminence le métropolitain d’Heeraclée ; comme j’ai reçu l’ordre de me rendre le plus tôt possible à Jérusalem, pour me préparer à recevoir son altesse impériale le grand duc de Russia Nicolas, qui doit s’y rendre prochainement, je ne pourrai peut-être pas prendre part non plus demain à la seconde séance du saint synode. »

Puis le grand protosyncelle se leva et dit:

« La délégation s’étant rendue hier vers huit heures et demie chez sa béatitude le patriarche de Jérusalem, le trouva harassé de fatigue et par conséquent dans l’impossibilité d’avoir un long entretien avec elle. Nous lui annonçâmes que la commission avait achevé son travail et nous le priâmes de venir prendre séance demain au saint synode, mais sa béatitude nous parut hésiter. »

En dernier lieu l’archimandrite Nicéphoros Glycas prit la parole et dit:

« Il ne me reste plus rien à ajouter, si ce n’est que leurs béatitudes, que nous avons trouvées chez le patriarche de Jérusalem, voyant que ce dernier cherchait à éviter de prendre tout engagement exprès de prendre séance le lendemain au saint synode, le prièrent instamment de s’y rendre; pour toute réponse sa béatitude se leva et prit près de lui une lettre cachetée, portant l‘adresse de sa sainteté, et nous la remit en nous témoignant de son désir d’assister à la séance aujourd’hui, mais toujours avec quelque hésitation. Tel fut le résultat de notre mission. »

Puis le très pieux docteur Constantin, secrétaire du synode, donna lecture de la lettre en question de sa béatitude le patriarche de Jérusalem, conçue en ces termes:

No du protocolle 4977.

« Nous embrassons fraternellement en Jésus-Christ votre sainteté très vénérée, que nous saluons avec joie.

« Nous avons reçu avec une affection cordiale la mission fraternelle de votre sainteté par laquelle elle nous invite à prendre part au saint synode convoqué pour demain, et nous nous empressons de répondre à votre sainteté très vénérée que nous avons souvent dans plusieurs entrevues avec elle exprimé notre opinion personnelle sur la question bulgare. Comme c’est une question d’une grande importance et que nous avons hâte de partir sans délai pour Jérusalem d’après un ordre supérieur, nous convoquerons, aussitôt notre arrivée, le saint synode de Jérusalem, et après en avoir délibéré avec lui, nous nous empresserons de transmettre à votre très vénérée sainteté la décision de notre saint synode, et cela pour ne pas nous exposer à formuler une autre opinion que celle du saint synode.

« De votre sainteté très vénérée le frère en Jésus-Christ très-affectionné et très obéissant.

(Signé.) Le patriarche de Jérusalem Cyrillos.

1872 le 11 septembre.

« A sa sainteté très vénérée, l’archevêque de Constantinople et patriarche œcuménique, notre seigneur Anthimos VI, frère très cher et très affectionné de notre modestie. »

Sa sainteté le patriarche Grégorios:

« Qu’il plaise à leurs béatitudes ici présentes de nous dire si elles connaissent quelque autre motif qui puisse justifier l’absence de sa béatitude le patriarche de Jérusalem. »

Sa béatitude le patriarche d’Antioche:

« Nous ne savons nous-mêmes rien de plus, si non qu’après dîner, comme nous parlions de cette question, sa béatitude nous a dit qu’elle devait aujourd’hui se rendre de grand matin au Bosphore pour visiter le gouverneur de Jérusalem et s’entendre avec lui sur les préparatifs à faire pour l’arrivée prochaine du grand duc à Jérusalem, et que cela l’empêcherait d’assister à la séance d’aujourd’hui. De notre part, nous avons dit à sa béatitude qu’elle pouvait assister pour une heure au moins et s’en aller ensuite, s’il le fallait, afin d’éviter toute fausse interprétation, mais malheureusement sa béatitude resta inébranlable. »

Son éminence le métropolitain d’Iconion a dit:

« Qu’il soit donné lecture de la lettre de sa sainteté Anthimos, ancien patriarche de Constantinople. »

Son éminence le métropolitain de Derci a dit:

« Avant de procéder à la lecture de la lettre du patriarche, il est nécessaire d’élucider une question plus importante, qui se rattache à la lettre de sa béatitude le patriarche, dent nous venons d’entendre la lecture; c’est qu’il faut bien déterminer quelle sera la réponse que fera sa sainteté le patriarche œcuménique.

« Sa béatitude, selon cc que vous avez ouï, donne trois raisons de son absence, à, laquelle elle était, paraît-il, décidée dès le principe, puisqu’elle avait déjà écrite et toute prête la lettre qu’elle a envoyée. Ces raisons sont, premièrement, qu’elle a, à plusieurs reprises, exprimé, dans ses entrevues privées avec sa sainteté, quel est son sentiment et son opinion sur la question importante qui occupe le saint et grand synode. Ainsi il est nécessaire que sa sainteté daigne nous dire aussi quelle est cette opinion; bien que, a priori, l’opinion de sa béatitude soit très bien connue, comme ayant été très clairement exprimée en différentes circonstances. Ainsi son opinion est d’abord exprimée dans les actes du grand synode réuni à Constantinople en 1861; ensuite elle est exprimée pour la seconde fois et encore plus clairement dans les actes du grand synode de 1864, où leurs béatitudes les Patriarches d’Alexandrie et d’Antioche étaient présents; c’était sous le pontificat de sa sainteté et sa béatitude le patriarche actuel d’Alexandrie, Sophronios. Enfin elle est encore plus clairement proclamée dans la lettre patriarcale et synodique de sa béatitude, donnée en 1869, où entre autres le principe du phylétisme est aussi qualifié de « vipère ». Par ces trois actes l’opinion de sa béatitude est hautement proclamée; et celle à laquelle il est fait allusion dans sa dernière lettre soit ne peut pas être différente, mais quelle qu’elle soit, elle doit être connue. Pour la seconde raison que sa béatitude donne, c’est-à-dire qu’elle a hâte de retourner à Jérusalem pour y recevoir son altesse le grand duc, qui doit bientôt s’y rendre, il est facile d’y remédier: sa béatitude peut laisser, pour la représenter en son absence, celui qu’elle agrée. Quant à la troisième raison, que, craignant de s’exposer à formuler une autre opinion que celle de son saint synode, elle se propose, aussitôt arrivée à Jérusalem, de délibérer avec les pères du saint synode de son siège et de nous transmettre cet avis, c’est là une raison très-peu concluante; car sa lettre synodique, ci-dessus mentionnée, qui est vraiment le modèle d’une appréciation exacte des choses et d’un zèle pieux, proclame à haute voix l’opinion du synode de Jérusalem sur la question bulgare. C’est pourquoi je suis d’avis qu’il en soit donné lecture au synode. »

Le sainte synode a dit à l’unanimité:

“Qu’il en soit donné lecture.”

Sa sainteté le patriarche œcuménique a dit:

“Qu’il en soit donné lecture, d’autant plus qu’elle contient l’expression exacte de l’opinion du synode de Jérusalem.

Sa sainteté et béatitude le patriarche d’Alexandrie demanda à sa sainteté le patriarche œcuménique:

“Quelle était cependant l’avis exprimé par sa béatitude dans les entrevues privées dont il s’agit?”

Sa sainteté le patriarche œcuménique a répondu:

“Sa béatitude n’a exprimé aucune opinion nouvelle.”

Son éminence le métropolitain de Samos:

“J’étais présent moi-même à ces entrevues de sa sainteté avec les autres patriarches, et je puis certifier, au saint et grand synode que ces conversations en sont toujours restées à des termes généraux sur la question bulgare, sans jamais entrer dans les détails, et que par conséquent ils sont toujours restés d’accord.”

Sa béatitude l’archevêque de Chypre:

“Cela est vrai, mais il est non moins vrai que sa béatitude le patriarche de Jérusalem a demandé à être préalablement édifiée sur deux questions: 1°) Quelle était l’opinion du gouvernement impérial sur la réunion du saint et grand synode, car sans l’assentiment impérial, la réunion du synode serait sans effet; et 2°) s’il restait encore quelque espoir d’entente avec les dissidents Bulgares. C’est pour cela qu’il nous a été accordé un delai de huit jours. Voilà ce que je sais. Quant aux paroles échangées le lendemain, lorsque sa béatitude le patriarche de Jérusalem, de retour de sa visite à la Sublime Porte, se rendit auprès de sa sainteté, je les ignore.”

Son éminence le Métropolitain d’Héraclée:

“Il est inutile de rechercher ce qui a pu être échangé verbalement, nous ne pouvons prendre en considération que ce qui est écrit; c’est pourquoi je suis d’avis qu’on procède à la lecture de la lettre de l’église de Jérusalem.”

Sa sainteté et béatitude le pape et patriarche d’Alexandrie:

“Qu’on procède à la lecture de cette lettre.”

Le secrétaire donna alors lecture de cette lettre conçue en ces termes:

N° du protocole 589.

“Très saint et très vénéré patriarche œcuménique de Constantinople, notre seigneur Grégorios, saint et sacré synode des très vénérables archevêques, et très chers frères en Jésus-Christ, notre Dieu, de notre modestie, nous embrassons fraternellement en Jésus-Christ votre sainteté très vénérée et nous lui envoyons de toute notre âme le saint baiser de paix avec nos salutations affectionnées.

“Déjà depuis longtemps nous connaissons par tout ce qui a été dit, et écrit les nombreuses machinations de toute espèce que le semeur de zizanie avait inventées à différentes époques pour détacher et séparer la nation orthodoxe des Bulgares des bras de sa mère spirituelle la grande église de Jésus-Christ, sa nourrice et sa bienfaitrice. Mais dernièrement nous avons reçu en toute sûreté la vénérable et très désirée lettre synodique et fraternelle de votre sainteté en date du 16 décembre de l’année qui vient de s’écouler, accompagnée de toutes les pièces y relatives que nous avons par-courues avec grande attention avec notre saint et sacré synode. Nous avons en effet ressenti une profonde douleur, nous avons senti nos entrailles se déchirer en apprenant la machination étrange se déchirer en apprenant la machination étrange et monstrueuse que l’éternel tentateur et l’éternel ennemi du genre humain a de nouveau inventée pour déchirer la tunique céleste et troubler ces dons célestes, la paix et l’harmonie de l’église orthodoxe de Jésus-Christ, que son divin créateur et fondateur a appuyée sur la pierre inébranlable de l’amour et de l’unité; tantôt en établissant l’amour et la paix comme le véritable signe de reconnaissance de ses vrais disciples; tantôt en priant avec une profonde émotion son père céleste pour l’unité et la constance des églises dispersées d’une extrémité de l’univers à l’autre. “Père saint, garde en ton nom ceux que tu m’as donnés, afin qu’ils soient un comme nous.” (St. Jean XVII, 11.)

“Oui, nous avons senti une profonde douleur, notre vénérable et cher frère, notre cœur fut vivement affligé, nos entrailles furent déchirées, lorsque nous avons appris (comme si les tentations de l’esprit malin qui ont dernièrement agité l’église orthodoxe du Christ et qui l’affligent encore aujourd’hui en certains endroits ne suffisaient pas), que naguère, une grande et terrible tourmente, soulevée par un vent destructeur venu de la Bulgarie orthodoxe menace de nouveau de submerger le vaisseau protégé par Dieu de l’église sainte de Jésus-Christ. Hélas! qui ne serait affligé en pensant qu’une faible partie de gens pervers annonçant des choses pernicieuses (car ce n’est pas tout le peuple orthodoxe des Bulgares, ni même la majeure partie, ce qui a été pour nous une grande consolation), de gens qui forgent le scandale, et qui égarent le peuple, instruments de Satan et fidèles serviteurs des ténèbres, ont agité presque tous les diocèses de la pieuse Bulgarie, et, dans l’excès de leur aveuglement, ils se sont efforcés de renverser les bornes éternelles que nos pères ont posées, et d’introduire dans l’église orthodoxe, où il n’y a ni juifs, ni grecs, ni esclaves, ni libres, ni hommes, ni femmes, mais où nous sommes tous un en Jésus-Christ, les prétentions ambitieuses et les distinctions inconnues et inouïes jusqu’à présent de race et de nationalité; rompant et troublant ainsi l’unité de l’esprit, qul consiste dans l’union de la paix; cherchant à établir des églises contrairement `a l’évangile, à s’arroger des droits contraires aux canons saints, des privilèges inouïs, à agiter par mille intrigues sataniques la pieuse nation des Bulgares dont ils s’efforcent nuit et jour à égarer les cœurs tendres et simples. Qui ne sentirait le fond de l’église orthodoxe, régénérés par l’évangile et nourris par elle du lait salutaire de la foi et de la piété, se lever avec une telle audace contre leur mère nourricière et leur bienfaitrice, pour commettre contre elle les plus grandes iniquités; contre cette mère qui leur montre une si grande tendresse; qui supporte, avec tendresse et douceur, leurs écarts; qui soutient avec bonté leur faiblesse et qui fait tous les jours de nouveaux sacrifices pour eux? Hélas! l’esprit malin ne pouvait pas, paraît-il, se rassasier de méfaits; il ne peut pas mettre fin aux tentations et aux intrigues qu’il a voulu forger dès le principe contre l’église orthodoxe.

En conséquence, en vous exprimant par cette lettre synodique notre profonde affliction pour l’ivraie qui vient de pousser malheureusement dans le champ du Seigneur (car “lorsqu’un des membres souffre, tous les autres membres souffrent avec lui, et lorsqu’un des membres est honoré, tous les autres membres en ont de la joie” selon le divin apôtre), nous certifions votre vénérable sainteté, selon notre devoir sacré et inviolable, que non seulement nous n’abandonnerons pas le poste dont nos ancêtres nous ont confié la garde par leurs travaux, mais que nous prêterons toujours notre aide, notre assistance dévouée, afin d’extirper jusqu’à la racine poussé au milieu de la moisson de l’église. Si, avec l’aide de Dieu et la lumière du saint Esprit, le saint synode de l’église orthodoxe universelle, devant lequel la grande église de Jésus-Christ, dans sa sagesse, en a appelé pour obtenir la solution définitive de la question épineuse qui a surgi, est convoqué et réuni, alors nous nous empresserons de nous y rendre soit personnellement, soit par délégués, afin que d’un commun accord nous délivrions l’église de la vipère des distinctions de race et de l’orgueil national qui s’y est nouvellement introduite. Car, si ce principe est propagé, bientôt toutes les églises de Jésus-Christ seront en danger de se séparer et de s’entre-déchirer avec les griffes des généalogies et des fables; ce qu’aucune hérésie n’a pu accomplir jusqu’à ce jour.

Mais nous espérons que le Dieu de paix et de charité qui s’est offert lui-même pour la rançon de la vie et du salut des hommes; qui est toujours présent par sa grâce et l’inspiration de son très saint Esprit au milieu de ceux qui sont réunis en son nom, retranchera bientôt, sans danger, les rejetons pernicieux du mal qui ont crû au milieu de l’église de Jésus-Christ, et qu’il éloignera de votre très chère et très vénérable sainteté cette coupe de douleur et d’amertume, et de la très sainte église du Christ de Constantinople la couronne d’épines des malheurs, que des enfants chers et bien aimés, des enfants légitimes de ses douleurs spirituelles lui ont imposée.

Voilà ce que nous avions à répondre à la lettre synodique et fraternelle de votre très vénérable sainteté que nous embrassons du fond de notre âme, ainsi que son saint synode, en priant Dieu Dde lui accorder de longues années de prospénté.

Fait en la ville sainte de Jérusalem en 1869 le 24 janvier.

De votre très vénérable sainteté les très chers frères en Jésus-Christ.

† Le patriarche de Jérusalem Cyrillos.

† Procopios de Gaza.

† Néophytos de Lydda.

† Ioasaph de Néapolis.

† Nicéphoros de Sévastia.

† Ioasaph de Philadelphle.

† Grégorios du Jourdam.

Sa, sainteté le patriarche œcuménique Anthimos a dit:

“Voilà quelle est l’opinion écrite du saint synode de l’église de Jérusalem.”

Sa sainteté et béatitude le pape et patriarche d’Alexandrie avec douleur:

“Et cependant.”

Son éminence le métropolitain de Derci:

“Tel est l’avis solonnel du siège de Jérusalem, c’est-à-dire du patriarche et du saint synode; avis qui vient corroborer les avis précédents, celui de 1861 et de 1864, de sa béatitude le même patriarche de Jérusalem, ainsi qu’il a été déjà dit. Il est douloureux que sa béatitude soit absente de cette enceinte, bien que sa sainteté ait employé tous les moyens pour prévenir cette absence; mais notre douleur est modérée par la lecture de cette lettre, où nous voyons clairement développés l’avis et la décision de sa béatitude et de son saint et sacré synode. Je crois donc superflu de rechercher ce qui a pu être dit en particulier sur la question qui nous occupe; d’ailleurs nous ne pouvons pas supposer que sa béatitude ait changé d’avis, puisque la question reste, depuis lors jusqu’à ce jour, essentiellement dans le même état. Il n’est pas non plus probable que sa béatitude désire que le synode soit prorogé pour faire une nouvelle tentative de réconciliation avec les chefs du mouvement bulgare, ou, en cas d’insuccès, pour s’entendre avec la Sublime Porte, car, comme nous savons, sa béatitude, ainsi que leurs béatitudes les autres patriarches, “a échoué naguère dans sa dernière tentative pour arriver à un arrangement si désiré immédiatement avec les représentants des Bulgares.”

Sa béatitude le patriarche d’Antioche:

“C’est vrai, c’est vrai.”

Son éminence le métropolitain de Derci:

“Je me suis réjoui de cette af?rmation de sa béatitude le patriarche d’Antioche. Et qui peut nier que l’église ait employé depuis le principe jusqu’à ce jour tous les moyens propres a amener un arrangement canonique de la question? Je conclus donc en disant que l’avis de l’église de Jérusalem est expressément exposé dans la lettre dont nous venons d’entendre la lecture, et qu’il n’y a que l’absence de sa béatitude qui nous attriste. Je ne puis pas même admettre un seul instant que le pontife qui depuis son enfance a glorieusement employé toute sa longue carrière pour le bien de l’église; que le patriarche de Jérusalem, qui a combattu nuit et jour avec une rare constance pour les intérêts de l’église, puisse jamais se séparer du saint et grand synode, dont le but est l’application des canons sacrés; et cela, avec une arrière-pensée; au contraire, je suis fermement convaincu qu’il conserve toujours sur la foi sacrée de nos pères l’opinion qu’il a eue depuis son enfance.”

Sa béatitude le patriarche d’Antioche:

“Cela est si vrai que sa béatitude a toujours condamné les archevêques délinquants dégradés, en ajoutant même un jour qu’il était prêt, lui le premier, à tirer la corde de leur condamnation spirituelle. Mais, bien que ce soit là ses dispositions

envers les chefs, il croit cependant que le peuple bulgare est entraîné, par ces auteurs infernaux de l’apostasie, comme une victime innocente, vers l’abîme de sa perte; c’est pourquoi il ne cesse de se montrer indulgent envers ce peuple.”

Sa béatitude l’archevêque de Chypre:

“J’affirme moi-même cette assertion.”

Le saint synode a dit:

“Personne n’accuse tout le peuple.”

Son éminence le métropolitain de Nyssa:

“D’après les paroles de leurs béatitudes le patriarche d’Antioche et l’archevêque de Chypre, la réprobation de sa béatitude le patriarche de Jérusalem se borne seulement aux membres du clergé bulgare rebelles.”

Sa sainteté le patriarche Grégorios:

“Léglise n’a nullement l’intention de rendre aujourd’hui un décret nouveau, mais de consulter l’histoire et les canons sacrés et d’en tirer son verdict sur les derniers événements. Nous avons des canons sacrés que nous ne pouvons ni étendre, ni resreindre; des canons qui ont été conservés et qui seront conservés sincères et intacts dans les siècles des siècles. Ces canons infligent des peines déterminées, non seulement contre les ecclésiastiques coupables, mais encore contre les laïques qui partagent leurs opinions, et qui sont en communion avec eux. L’opinion d’un seul n’a aucune valeur contre les canons sacrés; il en résulte que dans tout décret il ne peut être ordonné que ce qui est prescrit par les canons sacrés, et cela seulement L’église retranchée derrière les canons sacrés et combattant pour leur application, est mue dans son œuvre non pas par le ressentiment, mais par le désir de redresser ceux qui se sont égarés, et se sont joués des choses divines et humaines.”

Sa sainteté et béatitude le pape et patriarche d’Alexandrie:

“J’approuve tout cela, mais je demande quelle conduite le saint et grand synode va suivre à l’égard de sa béatitude le patriarche de Jérusalem? Se propose-t-il d’inviter sa béatitude de nouveau et à plusieurs reprises?”

Sa sainteté le patriarche Grégorios:

“Oui, sa béatitude doit être invitée aussi longtemps qu’elle séjournera dans cette capitale.”

Sa sainteté le patriarche Joachim:

“J’approuve aussi l’avis de sa sainteté.”

Sa sainteté et béatitude le patriarche d’Alexandrie:

“Je suis d’avis qu’il ne le faut pas, quand même sa béatitude continuerait à. y séjourner.“

Sa béatitude le patriarche d’Antioche:

“Non; il faut continuer à inviter sa béatitude.”

Son éminence le métropolitain de Derci:

“Je suis d’avis que l’absence de sa béatitude le patriarche de Jérusalem n’entrave nullement la marche du saint synode, qui possède déjà l’avis de sa béatitude suffisamment exprimé dans la lettre synodique et patriarcale de 1869, dont nous venons d’entendre la lecture, et qui proclame hautement le sentiment de l’église de Jérusalem sur la question présente; cependant je demande: sa sainteté le patriarche œcuménique doit-elle répondre a la lettre d’hier de sa béatitude, oui ou non?”

Son éminence le métropolitain d’Héraclée:

“Sa béatitude a rompu toute relation.“

Son éminence le métropolitain d’Ephèse:

“Puisque nous avons entre les mains la réponse définitive de sa béatitude et l’avis de son saint et sacré synode, je suis d’avis qu’il ne faut pas répondre à sa béatitude.”

Sa sainteté le patriarche Joachim:

“Je n’en suis pas moins d’avis qu’il faut y répondre comme il convient, surtout pour y r‘appeler la lettre synodique et patriarcale de 1869.”

Sa, béatitude le patriarche d’Antloche:

“Oui, il est indispensable de rappeler la lettre patriarcale et synodique.”

Le très pieux archimandrite Germanos:

“D’après ce qui a été exposé avec tant de justessse par son éminence le métropolitain de Derci sur l’absence de sa béatitude, je crois que c’est un devoir indispensable pour le saint et grand synode de supplier sa sainteté de répondre à la lettre de sa béatitude. Je propose humblement cet avis au saint et grand synode, d’autant plus que, par la mention de la lettre patriarcale et synodique de 1869, ainsi que sa sainteté le patriarche Joachim vient de le proposer, tout soupçon de désaccord entre l’église de Jérusalem et ce saint et grand synode, sur la question présente, est enlevé, et que l’accord le plus grand, comme il a été très clairement prouvé, existe dès le principe et surtout depuis 1869.”

Sa sainteté le patriarche œcuménique:

“J’invite le saint et grand synode à se prononcer s’il approuve qu’il soit répondu à la lettre de sa béatitude.”

“J’invite le saint et grand synode à se prononcer s’il approuve qu’il soit répondu à la lettre de sa béatitude.”

Le saint synode prononça par acclamation:

“Nous approuvons.”

Son éminence le métropolitain de Derci:

“Qu’il soit donné lecture, si le saint synode le veut bien, de la lettre de sa sainteté Anthimos ancien patriarche de Constantinople.”

Sa béatitude le patrairche d’Antioche:

“Approuvé, approuvé.”

Le secrétaire donna alors lecture de cette lettre conçue en ces termes:

N° du protocole 4976.

“Très saint et très vénéré patriarche de Constantinople, notre seigneur Anthimos, très cher et très désiré frère en Jésus-Christ de notre modestie, nous embrassons fraternellement en Jésus-Christ votre vénérable sainteté.

Nous avons reçu avec grand plaisir votre lettre fraternelle en date du 9 du mois présent par laquelle vous nous invitez a prendre part à la seconde séance du saint et grand synode qui doit se réunir demain. C’est avec une grande douleur que nous nous voyons dans l’impossibilité de nous rendre à votre invitation, tourmentés que nous sommes par diverses infirmités corporelles, surtout dans ces derniers jours par la goutte et les rhumatismes. Nous demandons pardon à votre sainteté et à tout le saint synode de ce manque involontaire à nos devoirs, et nous prions ardemment votre vénérable sainteté, a qui nous remettons notre humble voix, de nous représenter en notre absence dans cette

seconde séance et de prendre séance en notre nom. Nous acceptons de toute notre âme et de tout notre cœur tout ce que votre sainteté et le saint et grand

synode déciderez, et nous condamnons, d’accord avec les canons sacrés et divins de notre sainte église orthodoxe et catholique, le principe des distinctions de races (ἐθνοφυλετισμός) qui surgit pour la première fois dans l’église de notre sauveur Jésus-Christ; principe étranger tout à fait à l’église, imaginé par des prêtres dégradés et profanes et par les fauteurs de la question bulgare, le livrant, comme tel, à l’anathème éternel. En même temps nous déclarons séparés de notre église orthodoxe, schismatiques et même hérétiques les ex-archevêques des Bulgares, dégradés et excommuniés, ainsi que tous ceux qui, parmi le peuple bulgare, soit comme individus, soit par villes et par villages, suivront cette hérésie. C’est là ce que nous avions à répondre à votre vénérable lettre fraternelle. Que notre sauveur et Dieu Jésus-Christ daigne accorder à votre vénérable sainteté de longues années de prospérité et de salut.

“Le 11 septembre 1872.

De votre très chère et très vénérable sainteté, le très cher frère en Jésus-Christ.

(Signé.) Anthimos de Byzance,

ancien patriarche de Constantinople.

“A sa sainteté le très vénérable patriarche œcuménique de Constantinople notre seigneur Anthimos frère bien aimé et très cher de notre modestie.”

Le très pieux grand protosyncelle Dorothéos se leva et dit:

“Sa grandeur l’évêque de Sévastia, Païsios, vient de me faire savoir qu’il est empêché, pour cause de maladie, de prendre part à la séance d’aujourd’hui.”

Ensuite sa sainteté le patriarche œcuménique a dit:

“J’invite la commission à soumettre a la délibération du saint et grand synode le rapport qu’elle a été chargée de rédiger.”

Le très pieux archimandrite Nicéphoros, membre de la dite commission, se leva alors et donna lecture du rapport conçu en ces termes:

“Très saints patriarches et très vénérable assemblée.

“La commission vient soumettre aujourd’hui au saint et grand synode convoqué au nom du grand Dieu, notre sauveur Jésus-Christ, le rapport qu’elle vient d’achever avec l’aide de Dieu et vos saintes bénédictions.

“La commission pour mieux élucider la question a jugé convenable de diviser son travail en trois chapitres. Dans le premier elle démontre historiquement que les Bulgares, qui se sont malheureusement insurgés contre l’autorité canonique de leur mère la grande église de Constantinople, ont pour point de départ le principe du phylétisme. Dans le second elle démontre que ce principe du phylétisme est contraire à la doctrine de l’évangile; qu’il est complètement inconnu à l’église catholique de Jésus-Christ et qu’il renverse sa sainte constitution. Dans le troisième elle fait le dénombrement, par ordre chronologique, de tous les actes illégitimes et contraires aux canons de l’église, commis par le conciliabule formé par les rebelles. Voici ces trois chapitres par ordre.

I.

“Lorsqu’en 1868, par ordre du gouvernement impérial, une assemblée fut réunie, afin d’étudier et de régulariser les affaires de notre communauté, le représentant du diocèse de Tournovo remlt à l’assemblée une pétition de ses commettants où il était dit:

“Le prélat qui sera nommé à un diocèse, doit, outre les qualités intérieures, pour ainsi dire, (par exemple, être vertueux et sans reproche, afin d’inspirer le respect à tout le monde; avoir une instruction temporelle et spirituelle etc.) posséder le moyen indispensable pour communiquer immédiatement et complètement avec le peuple qu’il doit gouverner: c’est-à-dire parler la langue de son troupeau, car c’est par ce seul puissant moyen qu’il pourra communiquer avec le peuple, afin de ne pas être considéré comme un etrangter au milieu de lui, et de pouvoir remplir convenablement les devoirs sacrés de son ministère. Celui qui aura toutes ces qualités intérieures et extérieures, à quelque race qu’il appartienne, pourra sans doute, comme dans tout autre diocèse, devenir archevêque d’un des nôtres; car tous les chrétiens orthodoxes sujets de l’empire sont et doivent être égaux devant la loi. Aucun d’eux ne doit jouir de droits et e privilèges quin’existent pas. Ainsi nous demandons de la droiture et de la justice de cette assemblée que, celui qui ne connaîtrait pas parfaitement notre langue, comme privé d’une des qualités essentielle pour être nommé, ne puisse désormais être envoyé dans un de nos diocèses … sous peine de se voir refusé par le diocèse.”

“Il est de toute nécessité que l’élection et la sacre des évêques d’un siège métropolitain se fasse sous la présidence du métropolitain. Les metropolitains dépendent du patriarche, de même que les évêques dépendent du métropolitain. Il est également nécessaire qu’ils soient aussi élus par les notables, laïques, clercs et évêques, s’il y en a, réunis sous la présidence d’un des métropolitains les plus voisins, nommé par le patriarche. Qu’ils soient sacrés archevêques, soit par le patriarche, soit par un des principaux prélats, comme représentant du patriarche, assisté par un ou deux prélats, d’après les constitutions apostoliques. (Voyez p. 73—4 du livre des procès-verbaux de l’assemblée)”

“De cette pétition, où le principe du phylétisme ne se manifestait pas encore, la première partie, où il est question des qualités requises pour l’épiscopat, fut complètement admise. Il n’en fut pas ainsi de la seconde partie, qui traite de l’élection des prélats, réservée, depuis les temps anciens, par les conciles œcuméniques, aux seuls évêques. Cette décision n’obtint pas l’approbation du représentant de Tournovo, qui, dans une autre séance, s’étant irrité de ce que l’assemblée n’avait ni pris en considération, ni voté les demandes des diocèses bulgares, concernant l’élection de leurs prélats, renouvela sa demande. L’assemblée répondit à ses réclamations que, puisqu’aucun diocèse n’avait le

droit d’élire son prélat, les diocèses bulgares n’avaient aucun droit de se plaindre a cet égard. A cela le représentant de Tournovo répondit:

“Les Grecs peuvent bien faire des concessions, mais les Bulgares ne veulent pas en faire.”

“Ce fut en vain que les autres membres de l’assemblee lui firent observer que: “Le gouvernement ne reconnaît jusqu’à ce moment ni Grecs, ni Bulgares, ni autres, mais seulement une nation orthodoxe, c’est pourquoi il a convoqué à cette assemblée des membres de la communion orthodoxe. C’est vous qui divisez; l’église ne peut admettre qu’une nation. L’assemblée considérant tous les orthodoxes comme une seule nation, a pris en considération les affaires communes en général.” Le représentant de Tournovo protesta et se retira de l’assemblée après avoir formulé ces quatre propositions:

“I. Nous autres Bulgares, comme nous ne sommes pas en nombre proportionnel, déclarons que l’assemblée n’est pas complète.

“II. Nous n’avons pas reconnu la majorité, parce qu’à proportion de nos commettants, nous sommes en petit nombre.

“III. Dans la question de l’élection des prélats, nous demandons d’après les canons de l’église, qu’ils soient élus par leurs diocèses.

“IV. Pourquoi a-t-on supprimé les patriarches des Bulgares, qui étaient au nombre de trois, (il entend, nous ne savons pas pourquoi, les trois archevêques d’Ipek, d’Achridas et le métropolitain de Tournovo). Avaient-ils manqué à leurs devoirs envers l’église ou envers l’état? (Voyez p. 280 et la II pétition des habitants de Tournovo, p. 286 ibid). De ces propostions ainsi formulées et de ce qui a été dit dans la séane en question, il est démontré que le principe du phylétisme commençait déjà à se manifester ouvertement.

Après la retraite du représentant de Tournovo, beaucoup de désordres et d’actes contraires aux canons et à la foi chrétienne furent commis par des ecclésiastiques bulgares dans la capitale et dans les diocèses; de nombreuses démarches de toute nature furent faites auprès du gouvernement imp´ŕial et du peuple bulgare, démarches dont le seul mobile était l’idée du phylétisme. La grande église qui voyait avec douleur tous ces désordres voulut arrêter le progès du mal et rendit sous le pontificat de sa sainteté Joachim un sigillion (σιγγίλλιον) patriarcal et synodique, en XV articles, sanctionné par fiman impérial, par lequel elle donnait une satisfaction suffisante à la première demande, concernant l’élection des archevêques des diocèses bulgares, et à tous les besoins spirituels de ces diocèses. Cependant cet acte de l’église, qui garantissait pleinement les véritables intérêts spirituels du peuple bulgare, fut aussi repoussé, ainsi que le firman impérial qui le sanctionnait, par les chefs du mouvement bulgare, et l’église vit, à son grand regret, ses espérances s’évanouir.

Peu de temps après le gouvernement envoya à l’église, de la part des représentants bulgares, les huit propositions suivantes:

I. La nation bulgare, fidèle sujet du glorieux empire ottoman, et soumise par sa religion à la juridiction du patriarcat œcuménique grec, demande à avoir le droit de participer à l’élection du patriarche œcuménique, à proportion de sa population.

II. Le saint synode, composé jusqu’à ce jour de prélats grecs, sans aucun prélat bulgare, sera désormais composé mi-partie de chaque peuple: c’est à dire de six membres bulgares, et de six membres grecs, qui, tous réunis sous la présidence du patriarche, administreront les affaires religieuses.

III. Les prélats bulgares, membres du synode, composeront en outre, avec six autres membres laïques, élus parmi les Bulgares les plus honorables, un conseil bulgare mixte. Ce conseil s’occupera de toutes les affaires non religieuses du peuple bulgare.

IV. Un sceau national sera donné au plus capable des prélats bulgares composant le conseil mixte, assisté d’un membre laïque, élu parmi les plus honorables bulgares, afin qu’ils aient le droit de s’adresser au gouvernement impérial pour toutes les affaires de leur compétence. Ces deux membres devront toujours résider auprès de l’église bulgare de Constantinople.

V. Le patriarche n’aura le droit, ni de destituer ni de remplacer le premier prélat, ni son aide laïque. La destitution et le remplacement de ces deux membres seront prononcés par le gouvernement impérial, dans le cas où ils seraient convaincus devant le conseil mixte d’avoir transgressé leurs devoirs.

VI. Lorsqu’il s’agira de nommer un prélat dans quelque diocèse bulgare, le diocèse proposera deux ecclésiastiques, dont les noms seront envoyés à la capitale. Celui des deux qui sera élu per le conseil mixte, sera présenté au patriarche et ensuite sacré archevêque du siège vacant selon les canons sacrés.

VII. Dans les diocèses mixtes, composés de Grecs et de Bulgares, le prélat sera élu par le diocèse et choisi dans celui des deux peuples qui sera le plus nombreux; c’est-à-dire là où les Grecs seront plus nombreux, le prélat sera grec, et là où les Bulgares seront plus nombreux, il sera bulgare. Le prélat choisi pour un diocèse mixte devra bien connaitre les deux langues, le bulgare et le grec. Désormais il ne sera plus mis aucun obstacle à ce que les habitants de toute ville et de tout village bulgare puissent se servir du bulgare dans les églises et dans les écoles.

VIII. Lorsque les articles ci-dessus seront sanctionnés, il sera fixé, avec l’approbation du gouvernement impérial, pour chaque prélat, un traitement annuel fixe, car il n’est permis à aucun prélat ou prêtre de percevoir des sujets de sa majesté impériale différents impôts sous le nom de miri.

Sa sainteté Sophronios, alors patriarche, fit étudier et discuter ces propositions par une assemblée des notables résidant à Constantinople, qu’il convoqua à cet effet. Cette assemblée comprit clairement l’esprit séparatiste du phylétisme. Elle ne nia pas qu’il n’y eût quelques défauts dans l’administration des affaires de la communauté; que quelques abus ne fussent commis par certains individus, mais elle décréta que, puisque les règlements en vigueur avaient pourvu au redressement de ces désordres, l’admission du principe du phylétisme, outre qu’elle était contraire à l’esprit du christianisme, devenait sans but. L’assemblée observait encore que le conseil mixte existant, composé d’habitants ayant leur résidence fixe a Constantinople et élus par les paroisses de la capitale, sans distinction d’origine ou de race, remplit les fonctions qui lui sont assignées en dehors de toute idée de race, et que ses fonctions étaient limitées. Au contraire, les trois propositions visées plus haut (III, IV et V) demandaient l’établissement d’un conseil national spécial des Bulgares, dont l’autorité s’étendrait sur toute la race bulgare de l’empire ottoman. Que si ce conseil bulgare se composait seulement de membres laïques, le patriarcat n’aurait rien à y opposer; mais comme il devait se composer de prélats et de laïques, sous la présidence d’un archevêque, le patriarcat ne pouvait admettre d’aucune manière une proposition de cette nature, en opposition avec les canons de l’église, d’après lesquels il est défendu que deux chefs religieux orthodoxes exercent dans un seul et même diocèse deux autorités complètement indépendantes l’une de l’autre. D’après les principes de notre église, le prélat canonique d’un diocèse, exerce l’autorité ecclésiastique sur tous les orthodoxes vivant dans son diocèse, à quelque race qu’ils appartiennent, même sur ceux d’un autre diocèse pendant qu’ils résident dans le sien. L’assemblée faisait observer en outre que la distribution des sièges synodicaux entre six prélats grecs et six bulgares, et l’idée qu’implique cette mesure, que chaque prélat vienne tôt ou tard siéger au synode, proportionnellement à la population de chaque diocèse, sont autant de choses contraires aux canons, et des innovations non seulement dans l’église orthodoxe, mais aussi dans toute la chrétienté.

C’est à peu près en ces termes que l’assemblée générale d’alors désapprouva l’esprit de phylétisme qui apparaissait dans ces huit propositions; esprit qui tend à détruire le système d’administration en vigeur dans l’église, basé sur l’unité, sur l’amour évangélique et sur la constitution des canons sacrés.

Le même esprit de phylétisme régnait dans les six propositions nouvelles, transmises au patriarcat en l’année 1866. Dans ces propositions les limites des paroisses ecclésiastiques étaient ouvertement détruites, car il y était dit, que tous les Bulgares de l’empire ottoman devaient relever de la juridiction canonique de l’église nationale bulgare à établir. Il y est dit par exemple à propos des prêtres de l’église de Saint-Etienne de Balata: “Les prêtres de cette église qui ont pour paroissiens tous les Bulgares résidant dans les différents quartiers de la capitale, pourront, sans obstacle, exercer leur ministère là où ils seront requis.” Ainsi le drapeau du phylétisme était tenus haut au milieu de l’église, qui en entendait parler pour la première foi, et ce, pour renverser les canons sacrés et l’esprit de l’unité chrétienne.

L’idée du phylétisme se manifesta encore plus hardiment dans l’acharnement avec lequel les chefs du mouvement ont tâché, par tous les moyens licites et illicites, de pousser les fidèles à la révolte contre les autorités ecclésiastiques de chaque diocèse, dans le but de soulever les esprits dans toute la circonscription du ressort du siège œcuménique, afin de parvenir plus sûrement à établir une église nationale.

Sous le pontificat de sa sainteté notre seigneur Grégorios, la grande église, s’empressant de mettre fin à la violence de ceux qui excitaient ces révoltes et ces scandales dans les diocèses et dans la capitale, et désirant en même temps satisfaire au-delà même de tout souhait les vrais besoins spirituels de ses enfants, a?n de les préserver de l’abîme du phylétisme, où ils étaient poussés de tous les côtés, et de conserver les canons sacrés qui régissent l’église, d’après les anciens privilèges du siège patriarcal, la grande église, disons-nous, rédigea un projet d’exarcat ecclésiastique, ayant une administration particulière, mais soumis, au spirituel, au patriarche et formé de diocèses déterminés du patriarcat de Constantinople.

Malheureusement ce projet, revêtu de toutes les garanties de la légalité et de toutes les preuves de sollicitude, fut repoussé par les chefs du mouvement, parce qu’il ne répondait pas à. l’idée du phylétisme en général.

A la place de ce projet, deux autres que les Bulgares partisans du phylétisme avaient acceptés en pompe, comme réalisant l’idée du phylétisme dont ils poursuivaient la réalisation dès le principe, furent transmis et recommandés à sa sainteté le patriarche par la Sublime Porte.

Le Ier article de ces projets où il est dit: “Dans tout endroit de l’empire, où il y a des habitants bulgares d‘origine et de langue, de la religion orthodoxe, ceux-ci auront le droit d’élire et de nommer pour desservir leurs églises des prêtres parlant leur langue,” rapproché des articles V–VII où il est dit: “Quant à l’élection des chefs spirituels et à l’administration spirituelle, l’église Bulgare formera un corps séparé et indépendant,” articles corroborés par l’article III où il est dit: “Pour surveiller l’administration spirituelle des églises bulgares un bach-métropolitain (métropolitain en chef) résidera à Constantinople entouré d’un synode qui aura la direction des intérêts spirituels;” tous ces articles nous représentent l’église nationale bulgare exerçant sa jurisdiction sur tous ses nationaux répandus sur toute l’étendue de l’empire. De tels projets, opposés en tout au système général de l’église, étaient, comme il est évident, inadmissibles. La grande église qui avait épuisé tous les moyens pour arriver à une entente, et qui se voyait pressée de tous côtés, en appela à la décision de l’église universelle et proposa la réunion d’un concile œcuménique. Mais tandis que la grande église, d’accord en cela avec d’autres églises indépendantes, attendait l’autorisation impériale pour la réunion du concile, les novateurs phylétistes s’élevèrent contre la convocation d’un concile œcuménique, et le gouvernement impérial venant, contre toute attente, résoudre, de lui-même la question, rendit un firman impérial, que les novateurs acceptèrent pompeusement, parce qu’il satisfaisait, surtout par l’article X, le principe du phylétisme.

Plus tard les novateurs s’efforcèrent, dans une brochure intitulée: “Objection au mémoire épistolaire du patriarcat, 1871,” de prouver que l’idée de la formation d’une église nationale existait dans la constitution de l’église. Dans cette brochure il est dit entre autres choses: “Sur l’expression, église bulgare, le mot bulgare signifie que l’église dont il s’agit, c’est-à-dire l’autorité ecclésiastique, a été établie pour les Bulgares et qu’elle exerce son pouvoir sur les chrétiens bulgares résidant dans des endroits déterminés de l’empire ottoman, et non pas sur les villes et les provinces où ils habitent; car outre que ces provinces sont aussi la résidence de populations non chrétiennes (pourquoi pas de chrétiens non bulgares?), elles sont le patrimoine du souverain qui les gouverne (les habitants ne le sont-ils pas aussi?).

“Ainsi, même à l’époque des apôtres, saint Paul, l’apôtre des gentils, faisant allusion à toutes les églises ensemble établies chez toutes les nations, c’est-à-dire aux autorités ecclésiastiques, dit à propos de ses collaborateurs Priscille et Aquilas: “Aux-quels je ne rends pas grâce moi seul, mais aussi toutes les églises des gentils.” En parlant plus particulièrement de quelques-unes d’entre elles, il les rappelle tantôt par le nom de l’endroit, tantôt par celui des habitants: “à église de Dieu qui est à Corinthe,” “à l’église des Laodicéens,” “à l’église des Thessaloniciens,“ “les églises de l’Asie etc.”

“Suivant cet exemple les saints pères du premier concile en signant les actes se sont qualifiés tous du nom des habitants de leur ville et de leur diocèse respectif.”

“Les pères d’autres conciles se sont qualifiés dans la signature des actes soit du nom d’une contrée nationale tout entière ou de celui de leur nation, exemple: “Evagrius sicilien,” “Timothée de la province des Scythes,” “Eustathius de la nation des Sarrasins.” Les historiens ecclésiastiques eux-mêmes ont souvent nommé les évêques du nom de leur nation, exemple: “A Théophile, évêque du pays des Goths qui fut présent et qui signa au concile de Nicée.” “Ulphila évêque de la nation fut préposé à cette ambassade.” “Et en effet, on dit que les Scythes conservèrent la même foi pur cette raison … Encore aujourd’hui il règne ici une ancienne coutume, qu’un seule surveille les églises e la nation tout entière.” La prétention donc du patriarcat, que l’église n’aurait jamais distingué les nationalités, n’est pas exacte, car, comme il le dit lui-même, le fondateur de l’église a convoqué à la foi toutes les nations, et ses apôtres, se conformant à ce précepte, ont établi des églises chez toutes les nations, “afin que toutes les nations servent le Seigneur,” d’après Isaïe, et ainsi prirent naturellement naissance les églises des gentils dont parle l’apôtre, comme nous venons de le dire. C’est ainsi que furent établies les églises existant jusqu’aujourd’hui, celle de la nation des Romains, à Rome; des Grecs, à Constantinople, en Grèce, à Chypre et ailleurs; des Russes à Kiew et à Saint-Petersbourg; des Serbes, des Bulgares, des Scythes, des Goths etc., comme nous venons de dire. A propos de ces églises nationales le XXXIV canon des apôtres dit: “Que le synode de la nation administre les affaires de chaque église, et en dispose comme il le jugera pour le mieux” (Le canon est mal cité). Voyez-vous? Les apôtres ordonnent que le synode de chaque nation administre chaque église nationale.” (p. 25–9.)

Le passage ci-dessus, tout en corrompant le sens des écritures saintes, des canons sacrés et es faits historiques, démontre le désir d’appuyer le principe du phylétisme sur la sainte écriture et sur la constitution ancienne de l’église.

Le caractère phylétique de cette insurrection ecclésiastique est démontré en outre par les lettres que l’exarque nommé par eux a adressées au patriarche œcuménique, dans lesquelles il a osé signer: “Anthimos de Vidin, exarque des Bulgares;” par la distinction faite entre le patriarcat œcuménique, appelé patriarcat grec, et la nation bulgare; par l’allocution de l’exarque au souverain suprême de l’état, où il est dit: “La nation bulgare avait depuis les temps anciens une église nationale, qui fut réunie, nous ne savons comment, au patriarcat grec,“ et “la promulgation du firman impérial à rétabli notre église” etc., et enfin par les agents envoyés, dès le principe et jusqu’à ce jour, dans différents diocèses, pour pousser à la révolte contre l’église les Bulgares orthodoxes de chaque pays.

Ayant suffisamment prouvé par ce que nous venons de dire que le principe du phylétisme dirige les actes et les démarches de ceux qui se sont insurgés contre l’église, et que leur conciliabule n’est fondé que sur ce principe, nous passons à la seconde partie, pour prouver que ce principe est tout à fait inconnu à l’église universelle de Jésus-Christ, dont il renverse la sainte constitution.

II.

I. Il est étranger au but que nous nous proposons d’examiner et de discerner, quelles peuvent être les raisons qui militent en faveur du principe du phylétisme, c’est-à-dire de la distinction et de la revendication ou de la jouissance de privilèges exclusifs, soit par des individus, soit par des masses d’individus, en raison de leur origine et de leur langue, dans les états séculiers composes’d’e plusieurs races. Dans l’église chrétienne, société toute spirituelle, destinée par son divin chef et fondateur à embrasser toutes les nations en une société fraternelle en Jésus-Christ, le phylétisme est un principe inconnu et tout à fait incompréhensible. En effet le phylétisme, c’est-à-dire l’établissement dans le même pays d’églises nationales qui admettraient tous les fidèles de la même race, repousseraient tous ceux d’une race différente et seraient administrées seulement par des pasteurs de la même race, ainsi que le proposent aujourd’hui les partisans du phylétisme, est quelque chose d’inouï, une vraie innovation.

Toutes les églises chrétiennes particulières, fondées depuis les premiers temps, étaient des églises locales, comprenant les fidèles d’une ville ou d’une circonscription déterminée, sans distinction de race; et comme telles, elles recevaient ordinairement leurs noms, soit de celui de la ville, soit de celui de la contrée, mais non pas de celui de l’origine nationale à laquelle appartenait le troupeau.

D’abord l’église de Jérusalem était composée, comme cela est connu, de juifs et de prosélytes de différentes nations; de même l’église d’Antioche, d’Alexandrie, d’Ephèse, de Rome, ainsi que les autres, se composaient pour la plupart de juifs et de gentils. Chacune de ces églises formait en elle-même un tout compact et indivisible; chacune d’elles reconnaissait, comme ses apôtres, les apôtres de notre Seigneur Jésus-Christ, qui étaient tous en général juifs d’origine; chacune avait pour évêque celui que les apôtres avaient institué sans distinction de race, ainsi que le témoigne l’histoire de l’établissement des premières églises de Dieu.

Les églises des gentils, dont parle le bienheureux Paul (Rom. XVI, 4), visiblement composées de gentils qui n’avaient assurément pas tous la même origine et la même langue, furent ainsi nommées, non pas pour distinguer chaque nation en particulier, mais pour les distinguer des juifs convertis. De même les expressions, église des Thessaloniciens, des Laodicéens, des Smyrnéens etc., ne distinguent nullement les races; car on n’a jamais entendu parler de race smyrnéenne, de race laodicienne, de race thessalonicienne etc., mais les fidèles habitant les villes de Smyrne, de Laodicée, de Thessalonique etc., sans distinction d’origine nationale.

L’histoire nous parle d’abus, et partant de murmures et de défiances qui surgirent au milieu des différents membres des premières églises, comme par exemple les murmures des Grecs contre les Hébreux, dans l’église de Jérusalem; cependant les divins apôtres n’ont pas, pour apaiser les esprits, divisé l’église unique de Jérusalem en deux, par exemple en église des Hébreux et en église des Grecs, mais ayant convoqué les fidèles de l’église ils leur dirent:

“Choisissez donc, frères, sept hommes d’entre vous, de qui l’on ait un bon témoignage et qui soient pleins du Saint-Esprit et de sagesse, afin que nous leur commettions cet emploi.” (Actes des ap., VI, 3.)

Le même mode de l’établissement des églises locales est en usage, après les temps apostoliques, dans les églises des provinces on des diocèses qui furent consacrées à cause de la division politique alors en vigueur, ou pour d’autres causes historiques. Le troupeau des fidèles de chacune de ces églises était composé de chrétiens de toute race et de toute langue.

De même les églises conservées par la grâce de Dieu jusqu’à nos jours, celles des sièges patriarcaux de Constantinople, d’Alexandrie, d’Antioche, de Jérusalem, ainsi que l’archevêché de Chypre, sont depuis leur établissement des églises locales, c’est-à-dire elles sont circonscrites dans des limites géographiques, et ne sont point des églises nationales. C’est pour cela qu’elles sont désignées, non pas du nom des différentes nations qui les composent, Grecs, Égyptiens, Syriens, Arabes, Valaques, Moldaves, Serbes, Bulgares et autres, qui, pour la plupart, habitent ensemble dans les circonscriptions de ces églises, mais bien du nom de leur capitale respective.

Tels étaient aussi les archevêchés d’Achrida et d’Ipek et le prétendu patriarcat de Tournovo, dont les partisans du phylétisme ont fait dernièrement tant de bruit: c’étaient des églises circonscrites par des limites fixes, qui ne furent nullement établies pour cause de phylétisme, et dont le troupeau n’était nullement composé de fidèles de la même origine et de la même langue.

Quant aux expressions plus récentes: église latine, grecque, arménienne etc., elle désignent en général non pas une distinction de race, mais une différence dans le dogme. De même les expressions: église de Grèce, de Russie, de Serbie, de Valachie et de Moldavie, ou par abus église hellénique, russe, serbe etc., désignent des églises indépendantes, établies dans des états indépendants ou semi-indépendants, qui ont pour limites fixes les bornes mêmes de l’état, hors desquelles elle ne peuvent exercer aucune autorité ecclésiastique. Ces églises ont été établies non pour cause de nationalité mais à cause de leur situation politique, et elles n’ont pas forcément un troupeau composé de fidèles de la même race et de la même langue.

Non seulement dans l’église orthodoxe, mais même dans les communautés hérétiques et schismatiques, il ne s’est jamais vu que des églises nationales du même dogme, indépendantes les unes des autres, existassent dans une seule et même paroisse dans une seule et même ville ou contrée.

Les pères des saints conciles, particulière et généraux, locaux ou œcuméniques, prennent eux-mêmes séance dans ces conciles, non pas au nom de leur propre nationalité ou de celle de leur troupeau, mais comme représentant l’église à laquelle ils sont préposés. Et si jamais dans les actes des premiers conciles et dans l’histoire de l’église on rencontre des évêques qualifiés, non pas du nom d’une ville ou d’une contrée, mais de celui d’une nation, comme par exemple évêque des Sarrasins, des Goths, des Scythes, cela arrivait, ainsi qu’il est facilement démontré, parce que chez certaines nations la société n’avait pas encore reçu une forme régulière et déterminée, et que, de toute la nation, il n’y avait qu’une petite partie qui avait embrassé la foi en Jésus-Christ, que cette petite partie n’habitait pas d’une manière fixe dans les villes.

Si nous examinons les canons sacrés qui sont le fondement de la constitution de l’église, nous ne trouvons nulle part trace de phylétisme. Les canons qui règlent l’élection et le sacre des évêques, des métropolitains, des patriarches et des autres ministres de l’église, ne rappellent nulle part, parmi les qualités requises pour être élu, la distinction de race, selon la prétention des partisans du phylétisme; les canons ne parlent que des qualités morales, telles que l’apôtre des gentils, saint Paul, les a formulées dans ses épîtres a Timothée et a Tite. De même, les canons sacrés des églises locales, concernant l’établissement, la réunion ou la division des paroisses ecclésiastiques, ne mentionnent que des raisons politiques ou des besoins ecclésiastiques, jamais des prétentions de race.

La XXXIV canon apostolique, le seul que les partisans du phylétisme invoquent en leur faveur, qui dit: “Les évêques de chaque nation doivent connaître celui qui est le premier d’entre eux, et le connaître comme leur chef,” est très bien expliqué par la constitution établie dans l’église universelle, constitution qui n’a rien de commun avec le principe de phylétisme. Le sens véritable de ce même canon est affirmé par le IX canon du concile d’Antioche qui décrète la même chose en d‘autres termes et qui s’y rapporte évidemment: “Les évêques de chaque province doivent connaître l’évêque préposé dans la métropole, qui doit être chargé du soin de toute la province, parce que c’est à la métropole qu’affluent tous ceux qui ont des affaires; c’est pourquoi il a été décidé qu’il aurait la préséance, et que les autres évêques ne feraient aucun acte extraordinaire sans lui, selon l’ancien canon établi par nos saints pères.” D’ailleurs le canon des apôtres cité plus haut s’explique lui-même, car il éclaircit le sens du mot nation en ces termes “chacun (évêque) doit faire ce qui est du ressort de sa paroisse et des pays qui lui sont soumis,” de sorte qu’ici encore il est évident qu’il s’agit d’églises locales et non d’églises nationales. C’est ce qui est affirmé par un autre canon apostolique qui définit: “Qu’un évêque ne se permette jamais de faire des ordinations hors des limites de son diocèse, dans les villes et les contrées qui ne lui sont pas soumises.” De tout ce qui précède, il appert que le phylétisme est inconnu dans la discipline et dans les institutions sacrées de l’église.

II. Le principe du phylétisme renverse en outre la constitution sacrée de l’église orthodoxe, c’est-à-dire son organisation administrative en tout que société visible, apparaît dans l’ensemble de sa législation sacrée, constituée par les canons divins et sacrés des saints apôtres et des saints conciles, œcuméniques et locaux. Tout acte concernent l’église, tendant à infirmer ces canons, en tout ou en partie, attaque essentiellement la constitution de l’église elle-même. Le phylétisme, qui entreprend de détruire des canons exprès, renverse la constitution de l’église orthodoxe. Le canon VIII du Ier concile œcuménique, par exemple, décrète: “Qu’il n’y ait pas deux évêques dans la même ville;“ tandis que, d’après le principe du phylétisme, il peut y avoir dans la même ville deux, trois ou même plus d’évêques du même dogme, c’est-à-dire autant qu’il y a de races. Le canon XII du IV concile œcuménique décrète: “Qu’il n’y ait pas deux métropolitains dans le même province;” d’après les partisans du phylétisme, il peut en être nommé deux, trois ou même plus, selon le nombre des races qui y habitent. Le canon défend de diviser un même diocèse en deux métropoles, c’est-à-dire il défend la division territoriale, comme détruisent, elle aussi, l’édifice canonique; mais les partisans du phylétisme poussent encore beaucoup plus loin la confusion en admettent non seulement la division territoriale de la province, mais encore des divisions multiples des individus, d’après les races, et par conséquent la coexistence de plusieurs métropolitains dans les mêmes limites, exerçant l’autorité ecclésiastiques, peut-être au même titre, sur des races différentes.

Le renversement de la constitution ecclésiastique devient plus évident dans les églises des diocèses, (c’est-à-dire des divisions de l’état par gouvernements, διοικήσεων). Le canon II du IIme concile œcuménique dit: “Les évêques ne doivent pas se rendre dans les églises situées hors de leurs limites, ni confondre les églises, mais d’après les canons l’évêque d’Alexandrie doit administrer seulement les affaires de l’Egypte, les évêques de l’Orient administrer seulement les diocèses de l’Orient … les évêques du diocèse d’Asie, seulement les affaires de l’Asie; ceux du diocèse du Pont, les affaires du Pont; ceux de Thrace, les affaires du diocèse de Thrace … En observant le canon précité sur les diocèses, il est évident que les affaires de chaque province seront administrées par le synode de la province, conformément à ce qui a été décrété à Nicée.” D’après ce canon et ses corrélatifs (le VIII du IIIme concile œcuménique, le VI du Ier et le XXXVIII du IVme), de même que les églises épiscopales composent les églises métropolitaines, les églises métropolitaines forment pareillement les églises des diocèses, composées elles-mêmes de toutes les provinces du diocèse. Les synodes de ces diocèses avec celui qui est le premier parmi eux, que ce soit un président, un archevêque, un exarque ou un patriarche, composent l’autorité ecclésiastique suprême de la circonscription de tout le diocèse. C’est d’après cette institution que notre patriarcat orthodoxe est établi jusqu’aujourd’hui dans notre circonscription ecclésiastique, ainsi que dans d’autres états les synodes administratifs avec leurs présidents. Mais, d’après les prétentions des partisans du phylétisme, l’église du diocèse territorial n’a aucun lieu fixe, et la juridiction des autorités suprêmes ecclésiastiques selon les races s’étend ou se restreint d’après le reflux incessant des nations, qui par individus ou par masses se meuvent et émigrent tantôt dans un endroit tantôt dans un autre. Le mélange des différentes races dans les mêmes circonscriptions administratives, sera cause que la juridiction des différentes autorités ecclésiastiques nationales se superposeront, pour ainsi dire, se mêleront et se confondront, tout en ayant chacune la prétention d’exercer l’autorité canonique de l’endroit. De cette manière, dans un seul et même diocèse ecclésiastique, il y aura plusieurs exarques ou patriarches du même dogme, contrairement à tant de canons exprès. En résumé, d’après le principe du phylétisme, il ne peut exister ni église

de diocèse, ni église patriarcale, ni église provinciale, ni métropolitaine, ni épiscopale, pas même une cure paroissiale, ni même une église de bourg de village, ni de quartier, qui ait un endroit ou une région propre qui comprenne tous les fidèles du même dogme. Le mal de la division, de la confusion et de la décomposition ecclésiastique gagnera même les églises par famille. Ainsi le Christ sera divisé comme autrefois chez les Corinthiens qui disaient: “Pour moi je suis disciple de Paul; et moi d’Apollon; et moi de Céphas;” (1 Cor. I, 12). Que serait-il donc autre chose que cette nuit ténébreuse dont parle le Seigneur dans les évangiles: “Je vous dis qu’en cette nuit-là deux seront dans un même lit, l’un sera pris, et l’autre laissé; il y aura deux femmes qui moudront ensemble, l’une sera prise, et l’autre laissée; deux seront aux champs, l’un sera pris, l’autre laissé.” (St. Luc. XVII, 34.) Le XIV canon apostolique décrète “qu’il ne soit pas permis à un évêque d’abandonner sa paroisse et d’envahir celle d’autrui, même s’il est invité par plusieurs, s’il n’y a quelque cause puissante qui l’oblige a le faire, comme celle de procurer un plus grand profit aux fidèles de cette paroisse, a raison de sa piété. Et non par lui-même, mais sur l’avis de plusieurs évêques et après en avoir été fortement prié.”

Le canon V qui prescrit: “Si quelque prêtre ou diacre ou en général quelqu’un de la liste des ecclésiastiques, ayant abandonné sa paroisse, se rend dans celle d’autrui, et s’y établit continuellement contre l’avis de son évêque, nous ordonnons qu’il ne puisse plus officier; et surtout, si après avoir été sommé par son évêque de revenir, il n’obéit pas, mais persiste dans le désordre; cependant il peut y communier désormais comme un laïque.” Le canon XV du Ier synode décrète: “Que ni évêque, ni prêtre, ni diacre ne se rendent d’une ville à l’autre. Si après le décret du saint et grand synode, quelqu’un le tente et se livre à ce désordre, ce qu’il aura fait sera non avenu.”

Le canon V du IVe concile œcuménique dit: “Il a été décidé que les canons établis par les saints pères, concernant les évêques ou autres ecclésiastiques qui se rendent d’une ville à l’autre soient en vigueur.”

Le XXXIV canon apostolique prescrit: “Les évêques de chaque nation doivent connaître celui qui est le premier entre eux et le reconnaître comme leur chef; ils ne doivent rien faire d’extraordinaire sans son avis, et nul ne doit faire que ce qui est du ressort de sa paroisse et des pays qui lui sont soumis.”

Le canon XXXV décrète: “Qu’un évêque ne se permette jamais de fair des ordinations hors des limites de son diocèse, dans les villes et les contrées qui ne lui sont pas soumises; dans le cas où il serait convaincu de l’avoir fait, contre la volonté des chefs canoniques de ces villes ou de ces contrées, qu’ils soient dégradés lui et ceux qu’il aura ordonnés.”

Tous ces canons divins et sacrés et plusieurs autres corrélatifs, sur lesquels s’appuie la constitution établie de l’église, par lesquels son ancien système administratif est corroboré, les droits des églises garantis, les scandales enlevés, le but de l’église, qui est le salut des hommes, est réalisé et accompli dans la nuit de cette vie pleine d’erreur; toute cette vénérable législation de l’église, disons-nous, si le principe du phylétisme est admis, sera renversée de fond en comble et deviendra inutile, en renversant, comme il est évident, avec elle l’édifice de la constitution ecclésiastique orthodoxe.

Peut-être les partisans du phylétisme diront-ils que, même d’après ce principe, il peut y avoir des églises diocésaines, circonscrites dans des limites territoriales, de même que des églises métropolitaines, provinciales, épiscopales et paroissiales, contenues dans un lieu déterminé, d’après les exigences des canons ci-dessus; que les canons concernant les transgressions ne seront nullement violés, car il ne sera permis à aucun évêque d’envahir la province d’autrui; que la seule innovation en tout cela sera que dans les limites canoniques d’une seule et même église patriarcale, métropolitaine, épiscopale ou paroissiale, il y aura autant de patriarches, de métropolitains, d’évêques, de curés, qu’il y a de races, et que chacun d’eux aura sous son autorité pastorale les troupeaux qui y résident, et qui auront la même origine et la même langue. Que si ce principe du phylétisme est consacré dans l’église, il ne faudra plus que quelques concordats et quelques nouveaux canons ecclésiastiques déterminant les rapports de ces églises phylétiques entre elles, entre les pasteurs et les troupeaux.

A quoi nous répondons, qu’une telle réforme et une telle réorganisation du système établi de l’administration de l’église, en tant qu’elle transgresse et qu’elle modifie un grand nombre de canons exprès de l’église catholique orthodoxe, et qu’elle en exige la création de nouveaux, n’est pas l’œuvre d’une seule église de l’église catholique orthodoxe, et qu’elle en exige la création de nouveaux, n’est pas l’œuvre d’une seule église locale, ou d’un synode local; nous sommes même convaincus qu’un concile œcuménique ne trouverait ni bon ni utile au christianisme, d’accomplir une telle réforme, pour obéir aux caprices changeants des passions humaines et de vils intérêts; car outre qu’elle renverserait certainement les décrets de tant de saints conciles anciens, elle entraînerait d’autres conséquences désastreuses, évidentes ou encore inconnues. D’abord on introduirait par là un esprit d’exclusion judaïque, d’après lequel l’idée de race serait regardée comme une qualité indispensable du chrétien, surtout dans l’ordre hiérarchique. Ainsi, tout fidèle d’une autre nation serait légalement exclu de l’église et du pontificat qui prendraient le nom de Grecs; de l’église et du pontificat bulgares, ceux qui ne seraient pas Bulgares; de l’église et du pontificat russes, ceux qui ne seraient pas Russes, et ainsi de suite, quand même leurs qualités morales et pastorales les rendraient nécessaires et désirables à l’église d’une autre race; ou, s’il est jamais admis, il sera, sans doute, considéré comme étranger et suspect. Ainsi saint Paul, l’apôtre des gentils, ne pourrait être pasteur que d’une seule nation, de la nation juive, en tant que juif; chez les Illyriens il ne serait pas admis, ou du moins il serait suspect, comme appartenant à une autre race. De même les bienheureux Cyrille et Méthodius, en tant que Grecs d’origine, ne seraient pas admis comme pasteurs chez les Slaves qui les ont reçus comme apôtres. Les autres nations n’admettraient pas comme patriarche le Serbe Raphaël, ni les autres nations les trois derniers patriarches bulgares, Eugène, Chrysanthos et Agathanghélos. Les Russes n’admettraient pas comme prélats les Grecs Eugène Bulgaris et Nicéphore Théotocès. Quels ne seraient pas les préjudices causés à l’église par de pareils principes! Ensuite l’égoïsme phylétique, qui se développerait dans chaque église phylétique, étoufferait à un tel point les sentiments chrétiens, qu’il permettrait difficilement à une d’elles de s’occuper de l’autre et de l’assister selon le devoir chrétien; c’est tout au plus, si elle le ferait par intérêt de race. Les sentiments de races et les intérêts temporels auraient une désastreuse influence sur le cœur du peuple et l’empêcherait d’entrer en communion avec ceux d’une autre race, soit dans les mystères, soit dans les cérémonies religieuses; c’est ce que nous voyons avec douleur arriver dès aujourd’hui chez les partisans du phylétisme, dans la capitale et dans les provinces. Enfin il serait peu probable que les différentes églises phylétiques pussent communiquer entre elles dans un esprit de charité et de sincérité; qu’elles pussent être réunies en la personne de leurs pasteurs dans des saints synodes locaux ou œcuméniques; qu’elles pussent délibérer pour maintenir la foi et la discipline des fidèles, s’occuper des intérêts communs et travailler pour la gloire de Dieu, de la foi orthodoxe et de la sainte église de Dieu, combattue chaque jour de toutes les façons. De cette manière les choses les plus sacrées seraient en général profanées; l’intérêt mondain serait mis au-dessus de l’intérêt moral et religieux, tandis que chaque église phylétique rechercherait le s1en, et le dogme de la foi a une sainte église catholique et apostolique recevrait un coup mortel. Si tout cela est vrai, comme il est certain, le phylétisme se trouve en contradiction manifeste avec l’esprit même et la doctrine de l’évangile de Jésus-Christ, et comme tel, l’église de Jésus-Christ ne voudra jamais l’admettre et le décréter.

III.

Actes anticanoniques.

Tel est le principe du phylétisme, comme nous venons de le prouver; principe inconnu dans l’église chrétienne et subversif de sa sainte constitution. Il était donc inévitable que l’application d’un tel principe se composât d’une série d’actes illégitimes et anticanoniques, tels que les suivants.

I. Hilarion de Macariopolis, prélat de l’église de Saint-Etienne de Balata, cessa le jour de pâques de 1860 de mentionner le nom de son patriarche respectif, au mépris des canons: du XVI du concile Ier–IIe ordonnant: “Si quelque évêque, prétextant quelque grief contre son métropolitain respectif, cesse sans décision synodique de communiquer avec lui et de mentionner son nom selon l’usage, pendant l’office divin, qu’il soit dégradé: tel est l’avis du concile sacré, seulement s’il se sépare de son métropolitain respectif et produit un schisme; car il faut que chacun reconnaisse ses devoirs et que le prêtre ne méprise point son évêque, ni l’évêque son métropolitain”; du XV du même concile, qui dit: “Ce qui a été décrété à l’égard des prêtres, des évêques et des métropolitains, s’applique à plus forte raison à l’égard des patriarches; de sorte que si un prêtre, un évêque ou un métropolitain ose jamais rompre la communion avec son patriarche respectif, et cesse de mentionner son nom pendant l’office divin, d’après ce qui est défini et établi, qu’il soit désormais exclu de toutes les fonctions de son sacerdoce, si seulement il est convaincu d’avoir commis cet acte illégitime: telle est la décision du sacré concile. Ceci a été résolu et décrété à l’égard de ceux qui, sous prétexte de quelque grief, se détachent de leurs présidents respectifs, produisent un schisme et détruisent l’union de l’église.”

II. Le même Hilarion de Macariopolis, souvent invité dans la suite par l’église, non seulement refusa d’obéir, mais il persista dans ses actes illégaux et dans le mépris des canons: du XXXI canon apostolique qui décrète: “Si quelque prêtre, au mépris de son évêque, réunit les fidèles dans un autre lieu et dresse un autel à part, sans avoir convaincu son évêque d’impiété et d’injustice, qu’il soit dégradé comme ambitieux; car c’est un tyran. Que la même peine soit appliquée a tous les autres prêtres qui le suivront. Que les laïques soient excommuniés;” du V du concile d’Antioche qui décrète: “Si quelque prêtre ou diacre, au mépris de son évêque, se sépare de l’église, réunit les fidèles dans un endroit différent, établit un autre autel et refuse d’obéir à l’invitation de son évêque, qu’il soit complètement dégradé, privé de tout secours et de l’honneur qui lui était dû; s’il persiste à troubler et à agiter l’église au moyen de l’autorité

séculière, qu’il soit repoussé comme insurgé.”

III. Le même Hilarion a osé, sans l’autorisation de son patriarche respectif, faire des ordinations, contrairement au canon XXXV des apôtres qui décrète: “Qu’un évêque ne se permette jamais de faire des ordinations hors des limites de son diocèse, dans les villes et les contrées qui ne lui sont pas soumises; dans le cas où il serait convaincu de l’avoir fait sans l’autorisation des chefs canoniques de ces villes et de ces contrées, qu’il soit dégradé, lui et ceux qu’il aura ordonnés.”

IV. Ce même Hilarion, malgré sa qualité de prélat qui lui ordonne d’enseigner la piété au peuple, a perfidement excité les fidèles à refuser le dévouement et la soumission qu’il devait à l’église, de telle sorte que quelques-uns des plus simples ont abandonné la foi de leurs pères et se sont faits uniates. (Voyez l’acte de la dégradation d’Hilarion et Auxentios. Actes de 1861). Et cela au mépris du VIII qui décrète: “Tout évêque ou prêtre qui néglige le clergé et le peuple et ne leur enseigne point la piété, qu’il soit interdit, et, s’il persiste dans cette négligence, qu’il soit dégradé.”

V. Auxentios de Dyrrachion et Païsios de Philippopolis, embrassant le même principe du phylétisme, se sont rendus coupables des mêmes actes illégaux; c’est pourquoi ils furent canoniquement condamnés en même temps qu’Hilarion par le grand synode.

VI. Panarétos, successeur de Païsios dégradé au siège métropolitain de Philippopolis, invité à plusieurs reprises par la grande église à se rendre dans son diocèse, non seulement ne voulut pas obéir, contrairement au canon XVII du concile d’Antioche qui dit: “Si quelque évêque après avoir été sacré et désigné pour pasteur d’un peuple, dédaigne son ministère et ne veut pas se rendre auprès de l’église qui lui été confiée, qu’il soit privé de la communication avec l’église,” mais encore en résidant dans cette capitale, il travaillait, d’abord en secret, plus tard ouvertement, avec ceux qui se sont séparés de l’église, avec qui il forma à Ortakeui un conciliabule auquel Anthimos, archevêque de Vidin, est venu se joindre.

VII. Les mêmes formaient des conjurations, et révoltaient le peuple, contrairement au canon XVIII du IVe concile œcuménique qui dit: “Le crime de conjuration et de faction, puni par les lois séculières, doit d’autant plus être réprouvé dans l’église de Dieu. Si donc quelques ecclésiastiques ou moines sont convaincus de conspirations ou de factions ou d’intrigues contre des évêques ou d’autres ecclésiastiques leurs confrères, qu’ils soient déchus de leurs grades respectifs.” (Voir aussi le canon XXXIV de VIe concile œcuménique.)

VIII. Dorothéos de Sophia et Parthénios de Nyssava se laissant aller aux conseils pernicieux de ces partisans du phylétisme, se transportaient sans l’autorisation canonique dans les provinces d’autrui, où ils révoltaient le peuple et ordonnaient des prêtres, au mépris des canons: du XIII du concile d’Antioche: “Qu’aucun évêque ne se permette de passer d’une province à une autre et d’ordonner des prêtres pour leur transmettre le droit d’officier, même s’il est suivi de plusieurs autres, excepté s’il s’y rend invité par des lettres du métropolitain et des évêques de l’endroit. Mais si, sans y être invité, il intervient illégalement pour faire des ordinations et régler des affaires ecclésiastiques auxquelles il est étranger, que tout ce qu’il aura accompli soit nul, et que lui-même il subisse la peine édictée contre ce désordre et cette entreprise injuste; qu’il soit désormais dégradé par le saint synode;” et au mépris du XXXV apostolique (voyez ci-dessus).

IX. Les mêmes insultaient par des encycliques adressées au peuple bulgare, non-seulement leur patriarche, se rendant ainsi passibles de dégradation, d’après le LV canon apostolique: “Si quelque ecclésiastique insulte son évêque, qu’il soit dégradé; car tu ne médiras pas du chef de ton peuple, est-il dit”; mais encore toute l’église de Constantinople, la calomniant comme perfidetrompeuseambitieusecontradictoirecomme ignorantfalsifianttronquant et interprétant faussement les canons sacrésqu’elle employait comme un prétexte plausible et sacré de desseins et d’actes profanes, pour tromper les Bulgares. (Voyez leur circulaire du mois de mal 1870.)

X. Trois d’entre eux, Panarétos de Philippopoli, Dorothéos de Sophia et Hilarion Loftza, par leur lettre en date du 20 octobre 1868; ensuite celui Vélissos, Gennadios, par sa lettre en date du 16 mai 1870, auxquels se joignirent plus tard Anthimos de Vidin et Parthénios de Nyssava, envoyaient leur refus d’obéissance à leur patriarche respectif, osant ainsi se séparer de la communion avec lui et accomplir un schisme, contrairement au canon XV du Ier–IIe concile, cité plus haut. Ils excitaient le peuple à repousser ses prélats, et les prêtres et les diacres à agir sans l’aveu de leurs évêques, contrairement au XXXIX canon apostolique qui dit: “Les prêtres et les diacres ne feront rien sans l’aveu de l’évêque; car c’est à lui que fut confié le peuple du Seigneur, et c’est à lui qu’on demandera compte du salut de ses âmes.”

Ils rendaient par là le peuple passible des peines édictées par le canon XIII du Ier-IIe concile qui dit: “Celui qui aura rang de prêtre et qui enlèvera le jugement aux métropolitains, accusant de lui-même, avant jugement, autant qu’il est en son pouvoir, son propre père et son évêque, n’est plus digne du nom et de l’honneur de prêtre. Ceux qui le suivront, s’ils sont des ecclésiastiques, qu’ils soient eux-mêmes déchus de leurs grades; s’ils sont moines ou laïques, qu’ils soient complètement excommuniés de l’église, jusqu’à ce que, répudiant tout contact avec les schismatiques, ils reviennent à leur évêque canonique.”

XI. Le 6 janvier de cette année, après une longue tolérance de l’église, deux parmi eux, Panarétos de Philippopoli et Hilarion de Loftza, assistés d’Hilarion de Macariopolis, depuis longtemps dégradé, ont osé, contre la défense expresse du patriarche œcuménique, célébrer la messe et procéder à une ordination. Pour ces faits la grande église a puni les deux premiers de la dégradation, parce qu’ils avaient osé se séparer de leur patriarche respectif, dont il n’ont pas mentionné le nom, contrairement aux canons XIV et XV du concile Ier-II”, cités plus haut; parce qu’ils avaient officié avec un prélat dégradé, contrairement au XIe canon apostolique qui dit: “Si un ecclésiastique prie avec un autre ecclésiastique dégradé, qu’il soit dégradé lui-même;” et parce qu’ils ont fait des ordinations sans l’autorisation du prélat canonique de l’endroit, contrairement au XXXV canon apostolique et au canon XIII du concile d’Antioche, également cités plus haut.

L’église a puni en même temps de l’excommunication le ci-devant évêque de Macariopolis, Hilarion, d’après les canons suivants: le XXVIII apostolique qui dit: “Si quelque évêque, prêtre ou diacre, dégradé justement pour des crimes avérés, ose remplir le ministère qui lui avait été confié autrefois, qu’il soit complètement séparé de la communion,“ et le canon XXXVII du concile de Carthage qui décrète: “Il a été approuvé par tout le concile que celui qui, par son inaction, serait séparé de la communion, qu’il soit évêque ou tout autre ecclésiastique, s’il osait communier pendant le temps de son excommunication, avant d’être relevé de sa peine, prononcerait lui-même sa propre condamnation“.

Quant aux quatre autres, celui de Vidin Anthimos, celui de Sophia Dorothéos, de Nyssava Parthenios, et de Velissos Gennadios, qui se trouvaient alors, dans leurs diocèses et qui n’avaient pas participé au dernier délit, la grande église, mue par une sollicitude toute maternelle, leur a envoyé des lettres par lesquelles elle leur accordait un délai pour se repentir et revenir dans la voie du devoir et de l’obédience ecclésiastique.

XII. Cependant, tandis que des dissidents d’Ortakeui les uns étaient dégradés, les autres excommuniés et les quatre qui résidaient dans les diocèses étaient encore sous le poids d’une accusation, les premiers ont élu comme exarque d’un exarcat phylétique, n’ayant aucun fondement ecclésiastique, Anthimos de Vidin qui était sous le coup de la même accusation. Anthimos vint à Constantinople sans l’autorisation canonique du patriarche de Constantinople, contrairement au canon XIII du concile d’Antioche. Malgré que l’église l’ait invité trois fois à venir se justifier, il ne répondit rien à ses invitations; mais se rendant aux conseils des prélats dégradés et s’intitulant, contre tout droit, exarque des Bulgares, il releva arbitrairement de la dégradation et de l’excommunication prononcées contre eux, Panarétos de Philippopoli, Hilarion de Loftza et Hilarion de Macariopolis, contrairement à tous les canons. Car le XXXIIe apostolique dit: “Si quelque prêtre ou diacre est excommunié par un évêque, il ne pourra être absous par aucun autre que celui qui l’aura excommunié, à moins que ce dernier ne soit mort dans l’intervalle.” Le VIIe canon apostolique dit: “Si quelque ecclésiastique ou laïque excommunié, c’est-à-dire exclu, se rend dans une autre ville, où il est admis sans lettres de recommandation, qu’il soit excommunié ainsi que celui qui l’aura admis.”

Le canon XV du concile d’Antioch dit:

“Si un évêque, accusé de quelque crime, est jugé par tous les évêques de la province, et que ceux-ci portent à l’unanimité un même jugement contre lui, qu’il ne puisse plus être jugé par d’autres, mais que le jugement unanime des évêques de la province soit maintenu.”

Le canon V du Ier concile œcuménique dit:

“Quant à ceux qui ont été excommuniés, soit parmi ceux du clergé, soit parmi les laïques, par les évêques de chaque province; que le jugement de ceux-ci soit maintenu, d’après le canon qui ordonne que ceux qui ont été repoussés par les uns ne soient pas admis par les autres.”

Le canon V du IIIe concile œcuménique dit: “Si Nestorius et ses partisans, selon leur indifférence en toute chose, ont rendu ou veulent rendre la communion ou quelque grade à ceux qui on été condamnés par le concile sacré ou par leurs évêques respectifs pour quelque acte répréhensible, nous avons approuvé que cette absolution reste sans effet, et que ceux qui l’auront reçue restent non moins dégradés.”

Le canon IV du concile d’Antioche dit:

“Si quelque évêque dégradé par un synode ou quelque prêtre ou diacre dégradé par son propre évêque osait accomplir quelque acte de son ministère, soit l’évêque d’après l’usage, soit le prêtre, soit le diacre, qu’il ne lui soit plus permis d’espérer son rétablissement par un autre concile, ni d’être admis à se justifier, mais que tous ceux qui entrent en communion avec lui soient repoussées de l’église, et surtout si, connaissant l’arrêt prononcé contre eux, ils osaient communiquer avec eux.”

XIII. Le même Anthimos de Vidin, non content de ses méfaits, a célébré l’office divin avec les prélats déjà dégradés. C’est pourquoi l’église a prononcé contre lui la dégradation; parce qu’il méprise son patriarche et dresse un autel séparé, d’après le XXXI canon apostolique, les canons XVIII du IVe et le XXXIV du XVe; parce qu’il a officié avec des clercs dégradés, d’après le XIe canon apostolique; parce qu’il a produit un schisme d’après le canon V du concile d’Antioche et le canon XV du concile Ier-IIe.

L’église a également prononcé le dégradation contre les prêtres et les diacres qui les ont assistés, et contre Hilarion et Panarétos déjà dégradés elle a prononcé l’excommunication, d’après le XXVIII canon apostolique et le XXXVII du concile de Carthage.

La peine de l’excommunication déjà prononcée contre le ci-devant évêque de Macariopolis fut aggravée d’après le XIII canon apostolique qui dit: “S’il est déjà excommunié, que l’excommunication soit aggravée, parce qu’il a menti à l’église de Dieu et qu’il l’a trompée.”

XIV. Après ces peines ecclésiastiques et canoniques, les chefs de cette révolte contre l’église et leurs sectateurs, loin de rentrer en eux-mêmes et de se repentir, persistant malheureusement dans la désobéissance et les actes anticanoniques, se sont séparés de l’église, au mépris du canon IV du concile d’Antioche cité plus haut, ont établi une église séparée, qu’ils ont appelée église nationale bulgare, et parvenus au comble de l’aveuglement ils sacrent tous les jours des évêques et ordonnent des prêtres. Car une fois déchus de la grâce du sacerdoce, les uns sont devenus de simples laïques, les autres sont hors de l’église, cependant ils mentent à Dieu et au Saint-Esprit et se jouent de choses vénérables et affectent de transmettre à d’autres un sacerdoce dont ils sont eux-mêmes privés.

“Car qui peut,” d’après le concile de Carthage, “donner ce qu’il n’a pas, ou bien comment peut-il faire des actes du Saint-Esprit celui qui a perdu le Saint-Esprit?”

Cette parole de l’écriture sainte s’est, paraît-il, accomplie: “L’impie précipité au fond du malheur le méprise.”

D’après ce que nous venons de dire, il est évident pour tout le monde que ceux qui se sont ainsi détachés de l’église, qui ont osé dresser un autel phylétique et qui ont été dégradés et excommuniés par l’église, à cause de leur apostasie, de leur désobéissance et de leur impénitence, ne forment avec leurs sectateurs qu’un conciliabule et un schisme, d’après les paroles du divin orateur saint Basile, qui nous dit d’accord avec le collège des saints pères: “Ils (les pères) ont appelé parasynagogues (conciliabules) les congrégations formées par les prêtres et les évêques récalcitrants et par les peuples ignorants. Comme par exemple, si quelqu’un convaincu d’un délit, s’est vu interdire l’office et ne s’est pas soumis aux canons, mais s’est arrogé la présidence et l’exercice du sacerdoce et s’est fait suivre par quelques fidèles qui ont abandonné l’église catholique, cela forme une parasynagogue. Ils ont appelé schismes ceux qui pour quelques causes ecclésiastiques et quelques questions remédiables sont en désaccord avec l’église.”

En terminant nous rappelons au saint et grand synode la formule respectable de l’église orthodoxe russe, que le très sainte synode dirigeant a exprimé dans sa réponse remarquable au patriarche œcuménique et à son saint synode, à propos de cette même question (le 19 avril 1869): “Sans le consentement de sa sainteté et malgré elle, les Bulgares n’ont nullement le droit de prendre ou d’arracher d’elle ce qu’ils demandent. Ils ont encore moins le droit de s’affranchir de la dépendance ecclésiastique qui les réunit avec leur pasteur suprême, et de se détacher de lui, de leur propre volonté, car ce serait là un schisme, et les Bulgares, d’après les canons de l’église, seraient nécessairement regardés comme schismatiques.”

La commission:

† Le métropolitain de Chalcédoine, Gérasimos.

† De Derci, Néophytos.

† De Didymotichon, Dionysios.

† De Nyssa, Callinicos.

† Le grand protosyncelle, Dorothéos Evelpidès.

L’archimandrite Philothéos Vryennios.

L’archimandrite Nicéphoros Glycas.

L’archimandrite Germanos Aphthonidès.

Le protosyncelle Callinicos Photiadès.

Le diacre Constantin Valliadès.

Sa sainteté le patriarche œcuménique Anthimos demande au saint synode, s’il approuve le rapport de la commission dont il vient d’entendre la lecture.

Son éminence le métropolitain de Nicée:

“Nous remercions la commission pour avoir rédigé un rapport conforme à l’esprit de l’église.”

Son éminence le métropolitain de Bélégrada:

“Le rapport de la commission est approuvé par nous tous; il est clairement et régulièrement rédigé.”

Sa sainteté le patriarche Grégorios:

“Je n’ai aucune observation à ajouter au rapport de la commission. J’accepte, j’approuve et j’admets entièrement tout ce qui y est dit avec tant d’exactitude et de clarté, comme conforme à l’esprit de l’évangile et aux canons sacrés.”

Sa sainteté le patriarche Joachim:

“J’accepte aussi le travail de la commission dans son intégrité.”

Sa sainteté et béatitude le patriarche d’Alexandrie:

“Je suit du même avis et j’approuve le rapport.”

Le saint synode s’est écrié:

“Il est agréé par tout le monde; nous l’approuvons tous et nous l’acceptons.”

Sa béatitude le patriarche d’Antioche:

“La commission a rédigé son rapport d’accord avec les faits.”

Sa béatitude l’archevêque de Chypre:

“Le rapport est excellent et nous remercions la commission pour l’exactitude de son exposé.”

Son éminence le métropolitain d’Ancyre:

“La commission conclut bien en les nommant parasynagogistes (partisans de conciliabules) et schismatiques.

Le saint synode s’écria:

“Que ceux qui se sont détachés de l’église soient reniés.”

Sa béatitude l’archevêque de Chypre continuant son discours interrompu:

“Pour ma part, je considérais toujours un concile œcuménique comme la seule autorité compétente pour résoudre canoniquement cette fameuse question; c’est ce que la grande église dans sa sagesse a proposé en temps opportun; mais comme les chefs des Bulgares ont combattu cette proposition, ainsi qu’il appert de la p. 41 de leur “Objection,” l’église doit nécessairement procéder sans retard à une solution et publier un acte, afin de sortir de la position difficile où elle se trouve et de ne plus rester en suspens; ainsi j’approuve et accepte tout le contenu du rapport, comme en tout conforme aux canons.”

Son éminence le métropolitain d’Iconion s’est écrié:

“Tous ceux qui ont renié l’église orthodoxe sont des parasynagogistes et des schismatiques.”

Son éminence la métropolitain de Svornik:

“Dehors les parasynagogistes, dehors les phylétistes.”

Son éminence le métropolitain de Nicée:

“Me conformant moi-même à l’avis du grand saint Basile, je les déclare parasynagogistes et schismatiques.”

Son éminence le métropolitain d’Ephèse:

“Je me range moi-même à cet avis.”

Le très pieux archimandrite Dorothéos, grand protosyncelle:

“Je suis convaincu que j’exprime le sentiment de tout le saint synode en disant que ce jour est un jour de deuil pour l’église orthodoxe. De même que le ciel se réjouit du repentir d’un seul pécheur, notre sainte mère l’église ressent une profonde tristesse lorsqu’elle se voit obligée de détacher de son sein, même un seul enfant endurci dans la désobéissance et l’impénitence. Mais aujourd’hui, hélas! elle est obligée d’en détacher plusieurs. Pour ma part, quoique pénétré des raisons de l’église, je sens mon cœur péniblement ému.”

Le saint synode a dit:

“Nous sommes tous attristés; nous souffrons tous. Le Signeur connait notre tristesse.”

Son éminence le métropolitain de Derci se leva et dit:

“Que le grand et saint synode décide quels seront les travaux de la prochaine séance.”

Sa sainteté le patriarche œcuménique Anthimos:

“Puisqu’il a été clairement prouvé que ceux qui se sont détachés de l’église sont condamnés par leurs propres actes, il ne reste plus qu’à rédiger la définition qu’il convient, dont la délibération fera le sujet de la troisième séance de ce saint synode.”

Sa sainteté le patriarche Grégorios:

“Je propose que ce travail encore soit confié à la même commission.”

Son éminence le métropolitain de Nicée:

“Je crois bon que la même commission soit priée de se charger de la rédaction du projet de définition, conformément au sens de son rapport.”

Son éminence le métropolitain de Bélégrada:

“D’accord avec l’avis de leurs saintetés et de leurs béatitudes, nous aussi, les métropolitains, nous prions la respectable commission de vouloir bien se charger de la rédaction de la définition.”

Le saint synode s’écria:

“Que la rédaction en soit remise à la commission.”

Son éminence le métropolitain de Tournovo a dit:

“Que le jour de la troisième séance soit fixé.”

Sa sainteté le patriarche Grégorios:

“Je crois qu’il est bon de laisser la commission entièrement libre de travailler à loisir à la besogne si importante, que nous venons encore de lui confier.”

Sa sainteté et béatitude le pape et patriarche d’Alexandrie:

“J’ai un humble avis à proposer au saint synode; c’est que dans la définition à rédiger il soit contenu que notre sainte mère l’église, connaissant l’ancienne piété du peuple bulgare orthodoxe, pense et nourrit les meilleures espérances que tous ceux qui parmi ce peuple se sont laissés égarer, de quelque manière que ce soit, et se sont joints aux rebelles, s’empresseront de s’en séparer et les renieront au plus tôt comme parasynagogistes et schismatiques, et que, revenus de leur erreur, ils s’empresseront de rentrer dans le giron de la sainte église, une, sainte, catholique et apostolique; en conséquence je propose qu’il soit adressé des prières au dispensateur de tous les biens, pour qu’il daigne les éclairer et les ramener à la connaissance de la vérité.”

Le saint synode s’écria:

“Ainsi soit-il! Ainsi soit-il! Nous le demandons tous les larmes aux yeux.”

Sa béatitude le patriarche d’Antioche:

“Nous approuvons aussi tout cela et nous sommes d’avis qu’il est bon que la grande église de Constantinople, par des paroles d’exhortation, rappelle nos frères égarés, à qui nous devons tous nos soins.”

Sa sainteté le patriarche Joachim:

“Il ne convient pas de mettre dans la définition des paroles d’exhortation; mais il convient que l’église accomplisse aussi ce devoir chrétien dans des lettres encycliques particulières, adressées au peuple bulgare.”

Son éminence le métropolitain de Derci:

“Sa sainteté le patriarche d’Alexandrie exprime par sa proposition le sentiment du grand et saint synode tout entier et résume l’esprit qui a, dès le principe, guidé l’église de Constantinople, qui, dans sa sollicitude maternelle pour ses enfants égarés, a sincèrement veillé à leur salut et ne cessera jamais d’y veiller selon son devoir sacré. Comme une mère elle a gémi du fond du cœur, elle gémit encore de la perte de plusieurs de ses enfants chéris et ne cesse de supplier le très-haut pour leur retour dans la voie du salut. Elle a parlé, elle a écrit, elle a fait pour les éclairer tout ce qu’elle a déjà communiqué par ses lettres circulaires aux églises ses sœurs. Nous savons aussi que tous ces travaux, avec l’aide de Dieu, ne sont pas restés sans fruit et que plusieurs victimes ont été sauvées. Malheureusement il y a encore plusieurs brebis égarées qui sont restées sourdes au rappel de l’église. Mais aujourd’hui l’église accomplissant un douloureux devoir, prononce comme un juge intègre son arrêt sévère et juste contre les coupables, sans ressentir aucun remords. Elle met la main sur son cœur, n’entend que la voix intérieure de sa conscience et, comme la gardienne vigilante des canons sacrés, elle prononce contre ses enfants qui persistent opiniâtrément dans l’erreur, la peine prescrite, tout en priant avec ferveur pour leur repentir et leur retour. En achevant j’ajoute que, selon mon avis, dans la définition que sera rédigée, il n’y a place ni pour des conseils, ni pour des exhortations.”

Sa grandeur l’évêque de Vratza Païsios:

“Au moment où un grand et saint synode est réuni, la conduite de sa béatitude le patriarche de Jérusalem, malgré les paroles pleines de délicatesse que son éminence le métropolitain de Derci a ajoutées pour en atténuer l’inconvenance, sera d’un grand poids. Les Bulgares considéreront, à cause de l’absence de sa béatitude, le décision de ce grand et saint synode comme nulle et non avenue, comme un véritable jeu, autrement l’opinion émise, il y a trois ans, par l’église de Jérusalem, n’aurait aucune valeur aujourd’hui; c’est pourquoi il est indispensable de demander quel est l’avis de sa béatitude sur le rapport de la commission; quels sont les raisons qu’elle donne pour justifier son absence, et quels sont ses sentiments sur l’église; en d’autres termes, je crois qu’il faut lui demander sa profession de foi. Sans cela, je crois que la proclamation du schisme n’aura pas le résultat désiré de détourner la partie égarée du peuple bulgare de la voie tortueuse où il s’est fourvoyé. De fait le schisme existe depuis plusieurs années, mais ce n’est qu’aujourd’hui qu’il est solennellement proclamé par l’église. Il y a beaucoup à espérer que les Bulgares égarés reprendront le droit chemin et retourneront au giron de leur sainte mère l’église; mais la conduite de sa béatitude le patriarche de Jérusalem aura une influence funeste sur ce changement salutaire, impatiemment attendu. Si sa béatitude le patriarche de Jérusalem admet en effet le principe du phylétisme, elle devra être rangée avec Anthimos des Bulgares; ou s’il agit ainsi par opiniâtreté et mépris, il doit encore en être blâmé.”

Son éminence le métropolitain de Derci:

“Je suis d’avis que la proposition de sa grandeur l’évêque de Vratza est inadmissible, comme tout à fait hors de propos et irrégulière. Cette question a été longuement discutée aujourd’hui, et sa grandeur pouvait bien exprimer son opinion sur l’absence de sa béatitude le patriarche de Jérusalem dans le cours de la discussion; mais après la clôture de la discussion, personne n’a le droit de toucher encore cette fibre discordante. Je repousse aussi cette allusion de sa grandeur que j’ai pallié la vérité par politesse; au contraire, je soutiens que, dévoué autant que tout autre à l’accomplissement de mon devoir sacré et plaçant l’intérêt de l’église au dessus de toute considération personnelle, j’ai exprimé, à propos de sa béatitude, tout ce que je pensais. Je n’admets pas non plus l’autre proposition de sa grandeur comme trop hardie: c’est-à-dire qu’il faille demander aussi à sa béatitude le patriarche de Jérusalem sa profession de foi, car aucun de ceux qui sont ici présents ne met en doute, même par la pensée, la piété d’ailleurs reconnue de sa béatitude.”

Le très pieux archimandrite Germanos:

“J’ajoute deux mots: je repousse aussi les paroles de sa grandeur l’évêque de Vratza. Je crois que le grand et saint synode considère avec raison la réponse de l’église de Jérusalem, dont il a été donné lecture, comme sa réponse solennelle. C’est pourquoi le synode, qui n’a aucun doute sur les sentiments de sa béatitude, a voté la proposition, que sa sainteté veuille bien répondre à sa béatitude.”

Son éminence le métropolitain de Bélégrada:

“Nous approuvons entièrement tout ce que son éminence le métropolitain de Derci a dit avec une sagesse digne d’éloges; nous le remercions de ce que, par sa réponse, non-seulement il a affirmé son opinion, mais il a encore été l’interprète de la mienne et, sans doute, de celle des autres membres du saint synode.”

Plusieurs membres se sont écrié:

“Nous repoussons la proposition de sa grandeur l’évêque de Vratza.”

Sa sainteté le patriarche Grégorios:

“Il a déjà été décidé que sa sainteté le patriarche œcuménique écrive à sa béatitude le patriarche de Jérusalem pour l’inviter de nouveau au grand et saint synode.”

Sa sainteté le patriarche œcuménique:

“Le jour de la troisième séance du grand et saint synode sera fixé aussitôt que la commission chargée de rédiger la définition aura achevé son travail.”

Après ces mots sa sainteté leva la séance.

† Anthimos, patriarche de Constantinople, votant en même temps pour sa sainteté Anthimos de Byzance, ancien patriarche de Constantinople.

† Grégorios, ancien patriarche de Constantinople.

† Joachim, ancien patriarche de Constantinople.

† Sophronios, patriarche et pape d’Alexandrie.

† Hiérothéos, patriarche d’Antioche.

† Sophronios, archevêque de Chypre.

† Agathanghélos d’Ephèse.

† Panarétos d’Héraclée.

† Dionysios de Nicomédie.

† Ioannicios de Nicée.

† Gérasimos de Chalcédoine.

† Néophytos de Derci.

† Grégorios de Tournovo.

† Dionysios de Didymotichon.

† Chrysanthos d’Ancyre.

† Mélétios d’Enos.

† Gabriel de Samos.

† Païsios d’Imbros.

† Anthimos de Vélégrada.

† Callinicos de Nyssa.

† Dionysios de Svornic.

† Ignatios de Lititza.

† Païsios de Vratza.

† Eugénios de Mélitopolis.

† Cyrillos d’Anastasiopolis.

† Dionysios de Pamphilos.

† Gennadios de Chariopolis.

† Athanasios d’Argyropolis.

† Parthénios de Laodicée.

† Dorothéos Evelpidès, grand protosyncelle, votant en même temps pour sa grandeur Païsios évêque de Sévastia.

Bénédictos, archimandrite.

Grégorios Photinos, directeur de l’école de théologie de Halki.

Philothéos Bryennios, directeur de la grande école patriarcale.

Nicéphoros Glycas, archimandrite.

Jean Anastasiadès, archimandrite.

Hilarion Canacès, archimandrite.

Germanos Aphthonidès, archimandrite.

Gennadios de Lavra, archimandrite, représentant ordinaire de la montagne sacrée.

Porphyrios d’Esphigménou, archimandrite.

Eugénios Chrysochérès, archimandrite.

Cyrillos Grégoriadès, archimandrite.

Ambrosios Chrestidès, archimandrite.

Callinicos Photiadès, protosyncelle.

Parthénios, archimandrite, hégoumène de la succursale du Sinaï à Balata.

Métrophanès, grand syncelle.

Constantin, grand archidiacre.

Grégorios Zigabénos, diacre.

Constantin Baphiadès, diacre.

Constantin Valiadès, diacre.

Arsénios d’Ibères, moine.

Callinicos Eutychidès, archimandrite, premier secrétaire du saint synode permanent.

Session III.

Le samedi 16 septembre de l’an de grâce 1872, le Ier de l’indiction, le jour de la mémoire de la sainte et glorieuse martyre, l’illustre Euphémie, devant le saint évangile et la vénérable relique de la sainte martyre, sous la présidence de sa sainteté le patriarche de Constantinople, Anthimos, en présence de leurs saintetés les anciens patriarches de Constantinople Grégorios et Joachim, de sa sainteté et béatitude le patriarche et pape d’Alexandrie, Sophronios, de sa béatitudo le patriarche d’Antioche, Hiérothéos, de sa béatitude l’archevêque de Chypre, et de leurs éminences les archevêques, de leurs grandeurs les évêques, des très pieux prêtres et archimandrites et autres pères composant le grand

et saint synode, on célébra le sainte cérémonie. Ensuite, lorsque tous les assistants se furent assis et qu’ils eurent signé dans le livre de présence, il fut communiqué au saint synode, que sa sainteté Anthimos, ancien patriarche de Constantinople, était absent, ainsi que sa béatitude le patriarche de Jérusalem, qui était parti la veille pour Jérusalem, et sa grandeur l’évêque de Sévastia Païsios, empêché pour cause de maladie.

Après cette communication sa sainteté le patriarche, œcuménique a dit:

“J’annonce au saint et grand synode que la commission a achevé le projet de définition que le synode l’avait chargée de rédiger, et je propose d’en ouïr la lecture, avant celle du procès-verbal de la séance précédente, pour qu’il puisse, après la délibération et l’approbation, être copié à temps, pour être signé avant la levée de la séance.”

Le saint synode a dit:

“Qu’il en soit donné lecture.”

Le très pieux archimandrite, grande protosyncelle, se leva alors et donna, au nom de la commission, lecture du projet de définition, conçu en ces termes:

Projet de définition du grand et saint synode réuni à Constantinople au mois de septembre 1872, le 1er de l’indiction.

“Prenez donc garde à vous-mêmes et à tout le troupeau sur lequel le Saint-Esprit nous a établis évêques, pour paître l’église de Dieu qu’il a acquise de son propre sang.” Voilà ce que nous ordonne l’instrument choisi, nous annonçant que “il s’élèvera au milieu de l’église des loups ravisseurs qui n’épargneront pas le troupeau, et des gens qui annonceront des choses pernicieuses, afin d’attirer les disciples après eux;” c’est pourquoi il nous exhorte à veiller.

Ayant appris avec douleur et surprise que de telles gens se sont élevés dernièrement dans la circonscription du siège œcuménique, du milieu du peuple pieux des Bulgares; des gens qui ont osé introduire dans l’église une nouvelle croyance, celle du phylétisme, issue de la vie séculière; qui ont eu l’audace de mépriser les canons divins et sacrés et de former un conciliabule phylétique nouveau, afin de détruire ces canons, nous nous sommes inspirés du zèle du Seigneur, comme nous le devions, et nous nous sommes réunis au nom du grand Dieu, notre saveur Jésus-Christ, afin de prévenir et d’arrêter la propagation du mal au milieu de ce peuple pieux.

Ayant ainsi invoqué, l’âme toute contrite, la grâce divine du père de toutes les lumières, et ayant exposé au milieu de nous l’évangile du Christ, “où se trouvent tous les trésors secrets de la sagesse et de la connaissance,” nous avons examiné et comparé le phylétisme avec la doctrine évangélique et la constitution de l’église de Dieu établies depuis des siècles, et nous avons constaté que non seulement c’est un principe étranger, mais qu’il leur est complètement hostile. Nous avons aussi constaté, après en avoir fair le dénombrement exact, que tous les actes illégaux, commis pour établir leur conciliabule phylétique, sont ouvertement réprouvés par la constitution des canons sacrés.

C’est pourquoi, d’accord avec nos saints pères inspirés de Dieu, “acceptant de tout notre cœur les canons sacrés et conservant inébranlable tout ce que ces canons ordonnent, c’est-à-dire ceux des bienheureux apôtres, proclamés par les trompettes de l’Esprit-Saint; ceux des sept saints conciles œcuméniques, ceux des conciles locaux réunis pour rendre de semblables décrets et ceux de nos saints pères, car ils ont tous, inspirés par la lumière du même esprit, ordonné ce qui était utile,” nous déclarons au nom du Saint-Esprit:

I. Nous réprouvons, nous blâmons et nous condamnons le phylétisme, c’est-à-dire les distinction des races, les querelles, l’émulation et les divisions nationales dans l’églises de Jésus-Christ, comme opposé à la doctrine de l’évangile et aux canons sacrés de nos bienheureux pères “qui soutiennent la sainte église et maintiennent en bon ordre la communauté chrétienne qu’ils dirigent dans la voie de la divine piété.”

II. Nous déclarons, d’accord avec les canons sacrés, étrangers à l’église une, sainte, catholique et apostolique, et réellement schismatiques, tous ceux qui admettent ce phylétisme et qui osent fonder sur ce principe des conciliabules phylétiques nouveaux. Par conséquent nous déclarons schismatiques et étrangers à l’église orthodoxe du Christ tous ceux qui se sont séparés eux-mêmes de l’église orthodoxe, qui ont dressé un autel particulier et qui on formé un conciliabule phylétique: c’est-à-dire les prélats précédemment dégradés et excommuniés, Anthimos ci-devant de Vidin, Panarétos ci-devant de Philippopoli, Hilarion ci-devant de Loftza, Hilarion ci-devant de Macariopolis, les prêtres et les diacres qu’ils ont illégalement ordonnés, tous ceux qui sont en communion avec eux, qui partagent leurs doctrines et qui leur prêtent leur concours; ainsi que tous ceux qui acceptent comme réelles et canoniques leurs bénédictions et leurs cérémonies, qu’ils soient ecclésiastiques ou laïques.

Ayant ainsi défini nous prions Dieu très bon et très miséricordieux, notre seigneur Jésus-Christ, le chef et le consommateur de notre foi, de conserver sa sainte église pure et intacte de toute contagion des innovations et de la conserver appuyée sur le fondement des apôtres et des prophètes, et d’accorder le repentir à ceux qui se sont séparés d’elle et qui ont appuyé leur conciliabule sur l’idée du phylétisme, pour qu’ils puissent enfin, venant à résipiscence et abjurant leurs erreurs, retourner à l’église une, sainte, catholique et apostolique, pour y adorer avec tous les orthodoxes le grand messager de paix, Dieu, qui est venu réunir tous les hommes et annoncer la paix à ceux qui sont près et loin; car c’est à lui qu’est dûe toute gloire, tout honneur et toute adoration, avec le Père et le Saint-Esprit, dans les siècles. Amen.

La commission:

† Le métropolitain de Chalcédoine, Gérasimos.

† De Demi, Néophytos.

† De Didymotichon, Dionysios.

† De Nyssa, Callinicos.

† Le grand protosyncelle Dorotheos Evelpidès.

L’archimandrite Philothéos Vryennios.

L’archimandrite Nicéphoros Glycas.

L’archimandrite Germanos Aphthonidès.

Le protosyncelle Callinicos Photiadès.

Le diacre Constantin Valiadès.

Après cette lecture le saint synode a dit:

“Il est bien dans son ensemble.”

Sa sainteté le patriarche Joachim:

“Il serait convenable de citer les noms des prélats parasynagogistes dans l’ordre chronologique où les peines ecclésiastiques leur ont été infligées, c’est-à-dire celui d’Hilarion ci-devant de Macariopolis, de Panarétos ci-devant de Philippopoli, d’Hilarion ci-devant de Loftza, et d’Anthimos ci-devant de Vidin. A ceux-là il faut ajouter les noms des prélats non encore dégradés, celui de Dorothéos de Sophia, de Parthénios de Nyssava, de Gennadios de Velissa, mais il faut aussi les dégrader aujourd’hui avant de rendre la définition, car il ne reste plus aucun doute qu’il ne soit juste de leur faire subir la même peine, parce que, ayant été plusieurs fois invités à répudier leurs erreurs et à retourner dans la voie du devoir, ils ont opiniâtrément fermé l’oreille à la voix maternelle de l’église, et ont persisté dans leur apostasie jusqu’à ce jour. Je sais que, il y a quelque temps, l’église leur a accordé un délai d’un mois, mais voici que ce délai est encore expiré sans résultat.”

Sa sainteté le patriarche Grégorios:

“Il est évident que l’église devait depuis longtemps leur infliger les peines canoniques, car elle les a invités à plusieurs reprises à exprimer leur repentir pour leurs actions et à demander leur pardon que l’église était prêtre à leur accorder, dans sa sollicitude maternelle; mais ces hommes ne voulurent pas l’entendre et refusèrent toute justification à l’église. Mais comme j’ai été informé que la grande église, dans l’attente de leur repentir, s’est empressée de leur accorder un délai de trente jours qui n’est pas encore expiré, il faut attendre encore un peu, pour être libéré de ce dernier engagement.”

Son éminence le métropolitain de Derci:

“Comme il est question du délai accordé aux trois prélats apostats, non encore dégrades, je crois nécessaire de fournir au saint et grand synode les éclaircissements nécessaires à ce sujet. L’église avait depuis longtemps le droit de dégrader tous ces prélats, car ils n’ont jamais fait aucun cas des délais qui leur ont été accordés, et particulièrement ceux qui leur ont été accordés dernièrement, aux mois de janvier et d’avril, qui viennent aussi d’expirer; ils sont donc dégradés en principe, bien qu’ils ne le soient pas de fait, parce que l‘acte solennel de la dégradation a été différé jusqu’à ce jour. Les deux premiers sont encore canoniquement passibles de la dégradation, d’après le II°article de la définition qui considère comme dégradés tous ceux qui communiquent avec les apostats. Quant à celui de Vélisssos il faut faire une exception: comme j‘apprends, son éminence le métropolitain de Pélagonia, et informé l‘église que le prélat dont il s’agit venait de s’établir définitivement à Vitolia, sans l’autorisation du métropolitain canonique. L’église peur ce motif lui a rappelé de nouveau ses devoirs et lui a accordé un nouveau délai de trente jours, dont ‘il faut attendre l’expiration; mais seulement pour ce dernier.”

Son éminence métropolitain de Nicée:

“Pour compléter ce que son éminence vient de dire j’ajoute que celui de Vélissos a répondu, au mois de février, que, étant alité, il remettait jusqu’au moment de sa convalescence sa réponse à la grande église, soit dans le délai de quarante jours, soit quelques jours après, s’il ne pouvait changer d’opinion dans ce délai. L’église est encore à attendre sa réponse. Celui de Sophia a répondu par le télégraphe au mois de mai, mais ce ne fut que pour employer l’ironie plus audacieusement encore que celui de Vélissos; il renvoyait simplement l’église, pour toute réponse, à l’éxarcat bulgare, auquel il appartient désormais y est-il dit en propres termes.”

Sa sainteté le patriarche Joachim:

“Je suis d’avis qu’il faut dégrader aussi, aujourd’hui, celui de Vélissos avec les deux autres, car si même plus tard il répudie ses erreurs et revient à l’église en implorant sa miséricorde, l’église acceptera avec empressement son repentir et lui rendra son ancienne dignité.”

Son éminence le métropolitain de Derci:

“Je n’ai rien à opposer: qu’il soit fait selon la décision du saint et grand synode.”

Son éminence le métropolitain de Tournovo:

“Je crois plus juste de différer la dégradation de celui de Vélissos.”

Sa béatitude l’archevêque de Chypre: 

“Comme dans le IIe article de la définition, ceux qui partagent les doctrines des prélats dégradés, sont condamnés avec eux, il s’en suit que le prélat en question sera aussi considéré comme dégradé de fait.”

Son éminence le métropolitain de Samos:

“Comme on vient de dire qu’un nouveau délai de trente jours a été accordé à celui de Vélissos, et que cela a été peut-être fait au su de quelques membres seulement du synode ordinaire, et sans doute par la signature seule de sa sainteté notre seigneur le patriarche, il est nécessaire que la copie de la lettre en question soit soumise à tout le synode.”

Son éminence le métropolitain de Vélégrada:

“Je partage moi-même cet avis: je désire prendre connaissance de cette lettre envoyée à l’insu de plusieurs membres du synode ordinaire, par laquelle un nouveau délai a été accordé au métropolitain de Vélissos. Le synode ne sait que cela, que le métropolitain de Vélissos était en correspondance avec le soi-disant exarque des Bulgares et que, dernièrement jugé par le conciliabule bulgare, il a été condamné à la destitution.”

Son éminence le métropolitain de Didymotichon:

“En effet cette lettre a été écrite et envoyée par sa sainteté le patriarche œcuménique au su de quelques membres du synode, après la réception de la lettre du métropolitain de Pélagonia, qui annonçait la dernière démarche de celui de Vélissos; tous ceux qui veulent en prendre connaissance peuvent la consulter dans le bureau du protocolle. Maintenant il faut décider si nous dégraderons aujourd’hui le métropolitain de Vélissos.”

Plusieurs pères se sont écriés:

“Il faut qu’il soit aussi dégradé.”

Sa sainteté le patriarche Grégorios:

“Procédons d’abord à l’acte de la dégradation de tous les trois en même temps, ensuite rendons la définition.”

Son éminence le métropolitain de Didymotichon:

“Que le saint et grand synode soit invité à se prononcer, s’il veut qu’ils soient dégradés aujourd’hui, car l’église peut les absoudre dans le suite, si un jour ils répudient leurs erreurs et montrent du repentir.”

Son éminence le métropolitain de Sozouagathopolis:

“Je sais que le métropolitain de Vélissos est fermement décidé à se séparer du conciliabule, et que son établissement à Vitolia lui a été dicté par des raisons économiques; car il est dans la gêne, n’ayant pu se procurer même de quoi vivre dans son diocèse. Ainsi puisque un délai de trente jours lui a été une fois accordé dans l’attente de son repentir, il est juste que l’église no hâte pas aujourd’hui sa dégradation, mais qu’elle attende l’expiration de ce délai.”

Son éminence le métropolitain d’Ancyre:

“Toutes les raisons économiques et autres de cette nature sont secondaires devant l’autorité incomparablement supérieure des canons sacrés; c’est pourquoi il faut dégrader aujourd’hui les trois prélats non encore dégradés; plus tard, celui qui se repentira pourra être absous, pourvu qu’il n’ait pas officié après la dégradation.”

Sa sainteté le patriarche œcuménique demande:

“Quel est l’avis du saint et grand synode sur la proposition de sa sainteté le patriarche Joachim?”

Le saint synode a répondu:

“Nous l’acceptons tous; que l’ordre chronologique soit gardé dans la citation des noms des prélats dégradés; que les trois autres soient rangés avec eux et qu’ils soient dégradés dès à présent, avant la signature de la définition.”

Ensuite on appela un des secrétaires du patriarcat à qui on ordonna de préparer sur-le-champ la formule ordinaire pour la dégradation des trois prélats, de Dorothéos de Sophia, de Parthénios de Nyssava et de Gennadios de Vélissos.

Sa béatitude l’archevêque de Chypre:

“Je propose moi-même un humble avis: c’est que dans la phrase du décret et tous ceux qui communiquent avec eux et qui partagent leurs croyances, il soit ajouté les mots sciemment, afin qu’elle soit ainsi complétée et tous ceux qui communiquent sciemment avec eux et partagent leur opinion etc., dans le cas où le saint et grand synode l’approuverait.”

Presque tous les pères de synode approuvent l’addition.

Son éminence le métropolitain de Didymotichon:

“Pour ma part je désapprouve cette addition, car elle renverse de fond en comble l’édifice de la définition, et détruit le résultat salutaire que nous en attendons.”

Le très pieux archimandrite Philothéos:

“Dans l’état actuel des choses, je ne regarde pas l’addition comme tout à fait inutile, mais comme aucune des définitions ecclésiastiques que nous connaissons jusqu’à ce jour ne fait cette distinction, il faut réfléchir si nous devons l’admettre.”

Son éminence le métropolitain de Tournovo:

“Je partage l’avis de sa béatitude l’archevêque de Chypre, car en effet le peuple bulgare, excepté quelques jeunes gens, est ignorant et simple, de sorte qu’il se laisse en effet entraîner à son insu par les membres du conciliabule, comme un agneau qu’on mène à la boucherie.”

Son éminence le métropolitain de Didymotichon:

“Est-ce que les profanations des églises, les livres ecclésiastique brûlés, et surtout les saints évangiles; le pillage des églises, et tant d’autres crimes horribles que les malheureux prélats, témoins oculaires de ces méfaits, annoncent tous les jours à l’église, ont été commis tous les jours et se commettent jusqu’à ce jour par des Bulgares laïques, à leur insu et par ignorance?”

Son éminence le métropolitain de Derci:

“Toute la discussion sur ce sujet a pour cause l’interprétation qu’on donne à l’expression opposée à celle qu’on vient de proposer, à leur insu. En effet, il est nécessaire de comparer entre elles ces deux idées diamétralement opposées, sciemment, et à leur insu, pour qu’il soit élucidé, si celui qui a commis un crime à son insu est moins coupable que celui qui a agi sciemment. Nous admettons tous que ceux qui suivent les apostats sont entraînés en grande partie par ignorance; mais par ignorance de quoi? Est-ce par ignorance de la responsabilité qui pèse sur eux et de la peine qui les menace, ou bien de la doctrine du saint évangile et du catéchisme orthodoxe? Ni l’un ni l’autre ne sont vrais; l’église, surtout dans les deux dernières années, a fait les derniers efforts et a subi les plus grands sacrifices, pour ramener ses enfants égarés à la connaissance de la vérité. Elle a envoyé dans les diocèses des prélats expérimentés qui ne cessaient d’y enseigner aux fidèles leurs devoirs chrétiens et de les éclairer de toutes les façons, afin qu’ils ne se laissassent pas séduire par les apostats illoyaux qui cherchaient à tromper le peuple. Ceci étant, je demande, si ceux qui suivent Hilarion de Loftza, Anthimos de Vidin et leurs pareils, sont dans l’ignorance, ou plutôt s’ils agissent en connaissance de cause et par malice.” 

Son éminence le métropolitain de Chalcédoine:

“Je demande: tous ceux qui dès le principe ont suivi Hilarion de Macariopolis, ont-ils été éclairés et pèchent-ils sciemment?”

Sa sainteté le patriarche Joachim:

“Je suis d’avis que les habitants des villes ont suivi les rebelles sciemment, et les habitants des villages par ignorance.”

Le très pieux archimandrite Philothéos:

“Je crois qu’il n’est pas juste de distinguer à priori ceux qui, sciemment ou par ignorance, suivent le conciliabule, car les uns et les autres sont condamnés par la loi divine. Cet examen étant l’œuvre exclusive des confesseurs, fait l’objet de la confession des pénitents, et alors le peine est infligée à proportion de la connaissance et de l’ignorance de chacun.”

Sa béatitude le patriarche d’Antioche:

“L’addition est utile, car elle réserve une issue salutaire à ceux qui sont disposés au repentir.”

Sa sainteté le patriarche Grégorios:

“Assurément, l’addition de ,sciemment’ est très utile; car ceux qui ont suivi les membres du conciliable par ignorance, le prendront en considération et les abandonneront plus facilement, pour rentrer au giron de l’église.”

Son éminence le métropolitain de Nyssa:

“L’expression ‘sciemment’ s’adresse à cette portion du peuple bulgare, qui comme enseignés de Dieu, savent qu’il est défendu au prêtre dégradé d’officier, mais il y a encore une autre portion qui est dans l’ignorance complète de tout cela; ainsi j’admets en faveur de ces derniers l’addition en question ‘sciemment’ comme un complément nécessaire de la définition.”

Sa béatitude le patriarche d’Antioche:

“Cette addition est en effet nécessaire.”

Le très pieux archimandrite Dorothéos, grand protosyncelle:

“Qu’il me soit permis d’adresser respectueusement à sa béatitude l’archevêque de Chypre, comme à un prélat connaissant à fond le droit canon, cette question: Dans quelle définition antérieure a-t-on jamais mis l’expression ‘sciemment’, car pour ma part, autant que je puis me le rappeler, je n’ai jamais rencontré jusqu’à ce jour, ni dans les définitions des conciles œcuméniques, ni dans les canons sacrés, cette expression, ni pareille restriction. Et cela avec raison, car les définitions et les canons, formant une législation ecclésiastique, les unes en matière dogmatique, les autres en matière disciplinaire, expriment avec autorité ce qu’il faut croire et ce qu’il faut faire ou ne pas faire, sans aucune restriction de ‘sciemment‘ ou par ‘ignorance’; car cette addition, outre qu’elle mettrait en doute l’autorité de la législation, placerait le délit chaque fois sous la protection de la restriction de l’ignorance. L’ignorance et les quelques autres circonstances déterminées sont prises en considération seulement dans l’application de la législation pénale, et alors encore, non pas comme prescrivant, mais seulement comme atténuant la peine à infliger à la contravention, au délit ou au crime. C’est dans ce sens que l’église prie Dieu tantôt pour nos péchés et les délits par ignorance commis par le peuple, tantôt pour ceux qui ont péché, sciemment ou par ignorance, mais non pas dans le sens que l’ignorance puisse neutraliser le péché, car alors il serait superflu de prier Dieu. Quel serait donc le sens de l’expression ‘sciemment’ dans la définition, quand ceux-là mêmes qui pèchent par ignorance, selon l’esprit de toutes les législations, de la législation sacrée de l’église et de toute législation séculière, sont considérés comme ayant enfreint la loi, comme ils l’enfreignent en effet? Soyons dons bien attentifs, de peur que, en ajoutant l’expression ‘sciemment’ dans cette définition, nous ne paraissions formuler une décision contraire à la législation ecclésiastique, qui condamne aussi ceux qui pèchent par ignorance, parce qu’ils ne sont pas exempts de toute responsabilité.”

Plusieurs pères approuvent l’objection du très pieux archimandrite, grand protosyncelle.

Se béatitude, l’archevêque de Chypre:

“Je crois que, comme membre du saint et grand synode, j’avais le droit de proposer une modification sur le projet de définition que nous discutons; c’est ce que j’ai fait simplement; je n’ai donc aucune explication à donner, car je n’impose pas mon avis. S‘il est approuvé, qu’il soit compris dans la définition, autrement je demande seulement qu’il soit inséré dans les actes, et que l’histoire me juge.”

Son éminence le métropolitain de Didymotichon:

“La demande de sa béatitude l’archevêque de Chypre est respectable.”

Son éminence le métropolitain de Samos:

“Que le saint et grand synode soit interrogé sur l’addition.”

Le très pieux archimandrite Philothéos:

“Après les explications données pat mm et sa révérence le grand protosyncelle, je crois que l’addition est complètement déplacée et erronée. Sous un seul rapport seulement, dans le cas où quelque orthodoxe prendrait pour un prêtre orthodoxe quelque membre du conciliabule, qui ne diffère en rien extérieurement, et accepterait sa bénédiction et sa grâce et sacrilèges profanes, alors seulement l’addition que nous discutons pourrait en quelque sorte être admise dans la définition, mais comme cette expression est inconnue dans les définitions ecclésiastiques semblabes, anciennes ou nouvelles, et que, si elle était mal interprétée, elle pourrait signifier que les plus simples parmi les Bulgares, qui, séduits ou trompés par les conseils des chefs du conciliabule phylétique, suivraient, de quelque manière que ce soit, le conciliabule et communiqueraient avec lui seraient absous de la culpabilité de schisme; c’est pourquoi il faut repousser l’addition: personne ne peut nier que les lois divines et humaines ne considèrent comme responsables et coupables ceux qui pèchent par ignorance ; ce n’est que la peine qui est tempérée par les tribunaux, d’après le principe, celui qui a agi sciemment recevra beaucoup de coups, et celui qui aura agi par ignorance en recevra peu’. D’ailleurs il s’en suivre une confusion par cette addition, car il n’y a aucun signe distinctif entre celui qui a agi sciemment ou par ignorance.”

Son éminence le métropolitain de Nyssa:

“Je me range aussi à l’avis du grand protosyncelle et de l’archimandrite Philothéos; car en effet l’expression en question ne se trouve dans aucune définition, parce qu’il est par soi-même évident que ceux-là seulement sont condamnés, qui partagent sciemment les croyances des apostats; ainsi je retire mon consentement précédent et je désapprouve l’addition.”

Son éminence le métropolitain d’Héraclée:

”Parce que l’expression en question est sous-entendue, c’est pour cela qu’elle n’est pas de trop dans la définition; ainsi tout en approuvant l’addition, j’exprime mon étonnement pour cette rétractation.”

Le très pieux archimandrite grand protosyncelle:

“Je n’accepte aucune responsabilité à ce sujet.”

Le très pieux archimandrite Germanos:

“L’expression ‘sciemment’ a été discutée par la commission, mais elle a été repoussée, après mûre réflexion, car elle peut donner lieu à une fausse interprétation.”

Son éminence le métropolitain de Nicée:

“Qu’on demande l’avis de chacun en particulier.”

Son éminence le métropolitain d’Ephèse:

“Je partage l’avis de sa béatitude l’archevêque de Chypre et j’approuve l’addition.”

Son éminence le métropolitain de Didymotichon:

“Je désirerais demander à ceux qui soutiennent l’expression en question, s’il est permis de contracter alliance avec une famille qui communique par ignorance avec les membres profanes du conciliabule.”

Plusieurs pères:

“Nullement.”

Sa béatitude l’archevêque de Chypre:

“L’argument se résume en ceci: que l’église doit toujours montrer de la clémence et de la longanimité envers les pécheurs. Ma proposition a été dictée par une bonne intention, dans l’espérance de voir les égarés rentrer dans la bonne voie. Je ne voulais nullement susciter un long débat, mais j’ai été mû par la crainte de laisser croire que le saint synode renie le peuple bulgare en masse, et en même temps par le principe bien connu de l’église qui demande à Dieu le pardon de tous nos péchés, commis sciemment ou par ignorance.”

Le très pieux archimandrite Philothéos:

“Loin de nous cette pensée! Nous ne renions pas tout le peuple bulgare; ce ne serait ni juste ni raisonnable.”

Le saint synode s’est écrié:

“Loin de nous cette pensée, loin de nous.”

Sa béatitude l’archevêque de Chypre:

“Je ne persiste pas non plus dans ma proposition; il me suffit qu’elle soit insérée dans les actes.”

Son éminence le métropolitain d’Ancyre:

“Tout péché sera pardonné, dit note Seigneur Jésus-Christ, mais le blasphème contre l’Esprit-Saint ne sera pas pardonné, ni dans ce siècle, ni dans celui qui est à venir; les apostats comme ayant insulté au sacerdoce, insultent évidemment au Saint-Esprit. On ne sanctionne jamais une loi élastique et à double sens, mais au contraire elles sont toutes expresses et sentencieuses; la loi divine dit: Tu ne tueras point, tu ne commettras point d’adultère etc.; elle n’ajoute pas, ‘sciemment ou non’.”

Son éminence le métropolitain de Derci:

“La proposition de sa béatitude l’archevêque de Chypre est respectable; et d’autant plus, qu’elle découle d’un bon cœur et qu’elle témoigne d’une attention sacrée et digne d’un pasteur. Cependant nous ne devons pas l’admettre dans la définition, comme contraire à son esprit; c’est pour cette même raison que la commission, ainsi que le très pieux archimandrite Germanos vient de nous le dire, l’a repoussée après mûre réflexion. D’ailleurs cette expression ne se rencontre nulle part dans les canons sacrés et dans les définitions des saints conciles. Ainsi complétant moi-même tout ce qui a été dit par les très pieux archimandrites Dorothéos et Philothéos, j’ajoute que l’addition de l’expression ‘sciemment’ n’est pas seulement inaccoutumée et contraire à la règle, mais qu’elle est ouvertement opposée à l’esprit des canons sacrés. En effet, si un chrétien s’adresse, par ignorance, aux prélats schismatiques, comme à des prélats canoniques, et reçoit l’ordination, sera-t-il véritablement ordonné? Non sans doute. Quand à la crainte de paraître jamais renier tout le peuple bulgare, le saint synode pousse un cri unanime de protestation contre ceux qui pourraient croire qu’il condamne par sa définition le peuple bulgare. Au contraire, il appert de la définition même qu’il restreint sa décision dans un cercle très borné, et exclusivement aux apostats qui y sont nommés et aux individus peu nombreux qui partagent leurs croyances et communiquent avec eux.”

Le sainte synode a acclamé:

“Certainement, certainement.”

Le très pieux archimandrite Dorothéos, grand protosyncelle:

“Après ce que son éminence le métropolitain de Derci et l’archimandrite Philothéos Vryennios ont dit, qu’il me soit permis d’ajouter encore à ce que j’ai dit moi-même ces quelques mots: Ceux qui par ignorance communiqueraient avec le conciliabule, comment seront-ils considérés? Comme membres de l’église orthodoxe ou bien comme membres du conciliabule‘? Assurément comme membres de l’église orthodoxe, car ils communiqueraient par ignorance avec le conciliabule; tandis que la définition proclame comme séparés de l’église seulement ceux qui communiqueraient sciemment. Mais alors ceux qui communiqueraient réellement en connaissance de cause, employant comme prétexte l’ignorance, pourraient être considérés comme membres de l’église, bien qu’essentiellement schismatiques et parasynagogistes. Alors quel serait le but de ce saint et grand synode? à quoi servirait la définition?“

Sa sainteté le patriarche Grégorios:

“Comme, d’après tout ce qui a été dit, il appert que l’addition proposée par sa béatitude l’archevêque de Chypre est en quelque sorte inutile et que sa béatitude ne persiste pas, mais qu’elle se contente de son insertion dans les actes, je ne persiste pas non plus dans son adoption.”

Le saint synode a dit:

“Que l’addition soit écartée.”

Sa sainteté le patriarche œcuménique a dit:

“A-t-on quelqu’autre observation à faire sur la définition.”

Le saint Synode a répondu:

“Aucune; la définition est très bien; qu’elle soit copiée comme elle est.”

Sa sainteté Ie Patriarche œcuménique ordonna qu’elle fût copiée.

Ensuite le très pieux archimandrite Callinicos, secrétaire, donna lecture du procès-verbal, son éminence le métropolitain de Nicée a dit:

“Qu’il soit donné lecture de la réponse de sa sainteté à la lettre de sa béatitude le patriarche de Jérusalem.”

Les très pieux docteur Constantin, secrétaire, donna lecture de cette réponse conçue en ces termes:

“Bienheureux et très saint patriarche de la sainte ville de Jérusalem et de toute la Palestine, très cher et très désiré frère en Jésus-Christ de notre modestie, notre seigneur Cyrillos, nous embrassons fraternellement en Jésus-Christ votre vénérable béatitude.

“Après la lecture faite devant le saint et grand synode de la réponse de votre vénérable béatitude, en date d’hier, et après plusieurs paroles prononcés à la suite de cette lecture, le saint et grand synode a résolu à l’unanimité que nous transmettions à votre béatitude la douloureuse impression que lui a causé l’annonce inattendue de votre départ, et l’absence du synode de votre béatitude qui en sera le suite. Et cela d’autant plus que, en justifiant son absence, votre béatitude propose la nécessité de réunir auparavant son saint synode, afin de délibérer avec lui sur la présente question, de peur de s’exposer, ainsi qu’elle le dit, à émettre un avis contraire à celui de son saint synode. Le saint et grand synode n’a pas trouvé la raison du départ précipité de votre béatitude suffisante pour justifier son abstention des travaux du saint synode, car si votre béatitude ne pouvait pas prendre personnellement séance, elle pouvait nommer un représentant. D’un autre côté, le doute qu’elle exprime sur la possibilité d’une différence d’opinion entre elle et son synode, a d’autant plus étonné le saint et grand synode que ce doute supposerait, contrairement à la vérité, que le saint synode de Jérusalem examine pour la première fois cette question; tandis que l’accord qui a régné jusqu’à ce jour entre elle et le siège œcuménique et la conduite en tout canonique que votre béatitude a tenue dans les synodes et les assemblées précédentes, a été démontrée en tout conforme à sa lettre patriarcale et synodique, en date du 24 janvier 1869; lettre qui ayant été lue aujourd’hui devant le saint et grand synode, à la demande de tous ses membres, a clairement constaté l’accord parfait de votre saint synode avec tous les sièges patriarcaux de l’Orient. En conséquence le saint et grand synode, suivant une marche en toute conforme à ce qui est exprimé dans la lettre patriarcale et synodique en question, rappelle à votre vénérable béatitude qu’il considère comme depuis lors définitivement formulé l’avis du saint synode de Jérusalem sur cette question, et qu’il n’admet nullement qu’une dissension funeste puisse résulter entre votre vénérable béatitude et son synode, dans la question présente, car celle-ci n’a nullement changé de nature depuis le principe. Voilà ce que nous avions à répondre à votre béatitude.

“Nous prions le Seigneur de lui accorder de longues années de santé et de salut.

Le 12 Septembre, 1872

(Signé.) † Anthimos de Constantinople

“A sa béatitude Cyrillos patriarche de Jérusalem, frère très cher et très désiré en Jésus-Christ, Dieu de notre modestie.”

Sa sainteté et béatitude le pape et patriarche d’Alexandrie:

“Sa béatitude le patriarche de Jérusalem qu’a-t-elle répondu?”

Sa sainteté Anthimos, patriarche œcuménique:

“Lorsque, avant hier, sa béatitude, sur le point de partir pour Jérusalem, est venue, selon l’usage, nous faire ses adieux, nous lui avons exprimé le désir de la voir nommer un représentant auprès du saint et grand synode, et même, si faire se pouvait, le savant archimandrite Benjamin; mais sa béatitude a refusé, disant qu’elle ne pouvait pas laisser l’archimandrite Benjamin qui lui était très nécessaire. A cela nous avons répondu que nous nous empresserions d’agréer celui qu’il lui plairait de nommer; mais sa béatitude a répliqué qu’elle n’avait point une autre personne convenable. Nous lui avons alors fait observer que nous croyons convenable pour ces fonctions le représentant général de sa béatitude à Constantinople le pieux supérieur de la succursale du Saint Sépulcre, l’archimandrite Jacques. Comme sa béatitude objectait la difficulté du marcher du pieux supérieur, atteint de la goutte, nous avons répondu, pour lever encore cette difficulté: ‘Nous le ferons venir avec notre voiture.’ Comme sa béatitude n’a rien répliqué à cela, nous nous sommes hâté, aussitôt après son départ, d’inviter par une lettre le pieux supérieur Jacques à prendre séance, comme représentant de sa béatitude, dans la session d’aujourd’hui; mais voici la réponse que nous avons reçu, contre toute attente, de la part du supérieur. Que le secrétaire nous en donne lecture.”

Le très pieux docteur Constantin, secrétaire, donna lecture de cette réponse conçue en ces termes:

“Je salue humblement votre très sainte et très vénérable sainteté, et j’embrasse pieusement sa très sainte droite.

“J’ai reçu aujourd’hui avec respect votre vénérable lettre et je me suis concerté avec sa béatitude le patriarche de Jérusalem, mon maître. Comme sa béatitude a commis ici son serviteur pour être son représentant, administrer les autres affaires et veiller aux intérêts du très Saint Sépulcre, mais non pas pour prendre séance en son nom dans le saint et grand synode, j’en avertis, comme il est de mon devoir, votre très vénérable sainteté, et je suis, en invoquant ses très saintes bénédictions,

Phanar le 24 septembre 1872.

Son très humble serviteur

(Signé) Jacques, archimandrite.”

Son éminence le métropolitain de Chalcédoine a dit:

“Le synode ne perd rien par l’absence du représentant de sa béatitude puisqu’il a la décision officielle de l’église de Jérusalem.”

Ensuite sa sainteté et béatitude le pape et patriarche d’Alexandrie a soumis à l’approbation du saint et grand synode la proposition suivante qu’il avait rédigée par écrit:

“Saint et grand synode.

“En ce qui concerne les chefs de tous les actes illégaux que le conciliabule d’Ortakeui a commis, au mépris de l’autorité de l’église et des canons des conciles sacrés, le grand synode a fidèlement accompli son saint devoir, en les déclarant parasynagogistes et schismatiques. Mais comme l’église, malgré toutes les attaques qu’elle a souffertes de ces fils du crime, malgré toute l’amertume dont elle a été abreuvée par la désobéissance et par le mépris qu’une certaine partie du pieux peuple bulgare, séduite et égarée par les conseils trompeurs des méchants, a montré envers l’église et ses ministres; comme, dis-je, malgré cela, l’église n’a jamais oublié ses saints devoirs maternels, mais, pareille à la poule qui étend les ailes et rassemble ses poussins, pour les préserver des oiseaux de proie, l’église veille toujours sur ses enfants, lors même qu’ils blessent ses entrailles, je viens, conformément à ces principes, soumettre au saint et grand synode une proposition concernant le pieux peuple bulgare.

“Pour ma part, bien que je pense et que j’espère en Dieu que le pieux peuple bulgare reviendra à lui, reniera avec l’église les parasynagogistes et rejouira l’église par des preuves dignes de la piété et de l’orthodoxie de ses pères, malgré cela je ne crois pas inutile que le saint et grand synode, après avoir infligé le punition canonique à ceux qui ont commis des actes illégitimes en connaissance de cause et par mauvais vouloir, prenne sérieusement soin de ceux qui peuvent avoir été égarés par ceux qui déguisent la sainte vérité.

“L’église de Constantinople s’est toujours empressée de satisfaire aux demandes des Bulgares aussi longtemps qu’elles ne paraissaient pas contraires à l’esprit et à la lettre de la législation sacrée; mais je crois qu’il convient de donner une nouvelle et plus éclatante preuve de cet empressement encore aujourd’hui. Comme telle preuve je propose la mesure suivante.

“Qu’il soit décidé que l’église, après avoir mûrement réfléchi avec le saint et grand synode, rédige en même temps que la définition un acte particulier et solennel, qui témoignera de sa sollicitude maternelle et continue pour les pieux bulgares, et qui exprimera d’ailleurs, le plus clairement et le plus expressément possible, son désir de satisfaire à leurs vœux, aussitôt qu’il se présentera devant l’autorité canonique des représentants régulièrement élus, interprètes exacts et fidèles des sentiments et des idées de leurs commettants. Si le principe de ma proposition est admis, je proposerai à la délibération du synode les détails de ces deux parties de ma proposition.

Sa sainteté le patriarche Grégorios:

“Je crois que la proposition de sa sainteté le patriarche d’Alexandrie est d’autant plus juste, nécessaire et admissible, que la communauté de race des apostats avec les Bulgares pieux, peut influencer les esprits de ces derniers. La grande église qui a toujours montré une sollicitude vigilante pour tout le troupeau orthodoxe, acceptera, j’en ai la conviction, aujourd’hui encore cette proposition et se hâtera de prendre, le plus tôt possible, les mesures convenables.”

Son éminence le métropolitain d’Héraclée:

“Fort bien! d’ailleurs c’est la seule mesure qui reste à prendre, pour que l’église accomplisse son dernier devoir envers ses brebis raisonnables égarées; il faut donc agir le plus tôt possible.”

Sa béatitude le patriarche d’Antioche:

“J’approuve aussi la proposition.”

Son éminence le métropolitain de Tournovo:

“Certes il faut prendre les mesures proposées.”

Le très pieux archimandrite Germanos:

“Nul doute, que l’église se hâtera de satisfaire à tous les vœux légitimes des pieux bulgares, lors-qu’ils auront solennellement renié les parasynagogistes et leurs méfaits. Elle le fera, non seulement dans l’intérêt de l’orthodoxie, mais encore pour accomplir une promesse déjà faite. En effet dans l’assemblée générale convoquée au patriarcat le 30 janvier, le résolution suivant fut adoptée:

“Le patriarcat œcuménique déclare qu’il est disposé à reprendre les négociations qui, conformément avec les canons sacrés, sont nécessaires, pour rendre la paix à une partie du troupeau orthodoxe qui lui est soumis, lorsque le pieux peuple bulgare, soit directement, soit par des représentants réguliers, s’adressera au patriarcat pour désapprouver et répudier solennellement et officiellement les actes sacrilèges de ceux qui furent, par malheur, ses prélats, et reconnaître par des faits l’autorité des canons sacrés qui régissent l’église orientale.”

“Par suite de cette résolution l’église a rendu deux lettres encycliques, au mois de février et au mois de mars, le première en bulgare et en grec, la seconde en grec. C’est pour cela qu’elle doit déclarer de nouveau la même intention et la même résolution.”

Son éminence le métropolitain de Derci:

“Que le mode d’exécution de la proposition de sa béatitude le patriarche d’Alexandrie soit laissé à la résolution de la grande église.”

Le saint synode a dit:

“Fort bien, fort bien.”

Ensuite le secrétaire du patriarcat présenta à sa sainteté le patriarche œcuménique l’acte de dégradation des trois prélats; de celui de Sophia, Dorothéos; de Nyssava, Parthénios, et de Vélissos, Gennadios, lequel acte après avoir été approuvé par le saint synode, fut signé par les patriarches, les archevêques et les évêques. Ensuite un autre secrétaire apporta la définition copiée sur parchemin.

Ensuite sa sainteté le patriarche œcuménique Anthimos a dit:

“Q’un membre de la commission donne lecture de la définition.”

Alors son éminence le métropolitain de Didymotichon prit la définition et, debout au milieu du synode, il en fit la lecture à haute voix, en ces termes:

Définition du grand et saint synode réuni à Constantinople au mois de septembre de l’année mil-huit-cent soixante-douze, la 1er de l’indiction.

“Prenez donc garde à vous-mêmes, et à tout le troupeau sur lequel le Saint-Esprit vous a établis évêques, pour paître l’église de Dieu qu’il a acquise de son propre sang.” Voilà ce que nous ordonne l’instrument choisi, nous annonçant que, “il s’élèvera au milieu de l’église des loups ravisseurs qui n’épargneront pas le troupeau, et des gens qui annonceront des choses pernicieuses, afin d’attirer les disciples après eux;” c’est pourquoi il nous exhorte à veiller.

Ayant appris avec douleur et surprise que de telles gens se sont élevés dernièrement dans la circonscription du siège œcuménique, du milieu du peuple pieux des Bulgares; des gens qui ont osé introduire dans l’église une nouvelle croyance, celle du phylétisme, issue de la vie séculière; qui ont eu l’audace de mépriser les canons divins et sacrés et de former un conciliabule phylétique nouveau, afin de détruire ces canons, nous nous sommes inspirés du zèle du Seigneur, comme nous le devions, et nous nous sommes réunis au nom du grand Dieu, notre saveur Jésus-Christ, afin de prévenir et d’arrêter la propagation du mal au milieu de ce peuple pieux.

Ayant ainsi invoqué, l’âme toute contrite, la grâce divine du père de toutes les lumières et, ayant exposé au milieu de nous l’évangile du Christ, “où se trouvent tous les trésors secrets de la sagesse et de la connaissance,” nous avons examiné et comparé le phylétisme avec la doctrine évangélique et la constitution de l’église de Dieu, établies depuis des siècles, et nous avons constaté que, non seulement c’est un principe étranger, mais qu’il leur est complètement hostile. Nous avons aussi constaté, après en avoir fair le dénombrement exacte, que tous les actes illégaux, commis pour établir leur conciliabule phylétique, sont ouvertement réprouvés par la constitution des canons sacrés.

C’est pourquoi, d’accord avec nos saints pères inspirés de Dieu, “acceptant de tout notre cœur les canons sacrés et conservant inébranlable tout ce que ces canons ordonnent, c’est-à-dire ceux des bienhereux apôtres, proclamés par les trompettes de l’Esprit-Saint; ceux des sept saints conciles œcuméniques, ceux des conciles locaux réunis pour rendre de semblables décrets et ceux de nos saints pères, car ils ont tous, inspirés par la lumière du même esprit, ordonné ce qui était utile,” nous déclarons au nom du Saint-Esprit:

I. Nous réprouvons, nous blâmons et nous condamnons le phylétisme, c’est-à-dire les distinctions de races, les querelles, l’émulation et les divisions nationales dans l’église de Jésus-Christ, comme opposé à la doctrine de l’évangile et aux canonx sacrés de nos bienheureux pères “qui soutiennent la saint église, et maintennent en bon ordre la communauté chrétienne qu’ils dirigent dans la voie de la divine piété.”

II. Nous déclarons, d’accord avec les canons sacrée, étrangers à l’église une, sainte, catholique et apostolique, et réellement schismatiques, tous ceux qui admettent ce phylétisme et qui osent fonder sur ce principe des conciliabules phylétiques nouveaux. Par conséquent nous déclarons schismatiques et étrangers à l’église orthodoxe du Christ tous ceux qui se sont séparés eux-mêmes de l‘église orthodoxe, qui ont dressé un autel particulier et qui ont formé un conciliabule phylétique; c’est-à-dire les prélats précédemment dégradés et excommuniés, Hilarion ci—devant de Macariopolis, Panarétos ci-devant de Philippopoli, Hilarion ci-devant de Loftza, Anthimos ci-devant de Vidin, et les prélats qui viennent d’être dégradés: Dorothéos ci-devant de Sophia, Parthénios ci-devant de Nyssava, Gennadios ci-devant de Vélissos; les prêtres et les diacres qu’ils ont illégalement ordonnées, tous ceux qui sont en communion avec eux, qui partagent leurs doctrines et qui leur prêtent leur concours; ainsi que tous ceux qui acceptent comme réelles et canoniques leurs bénédictions et leur cérémonies, qu’ils soient ecclésiastiques ou laïques.

Ayant ainsi défini, nous prions Dieu très bon et très miséricordieux, notre seigneur Jésus-Christ, le chef et le consommateur de notre foi, de conserver sa sainte église pure et intacte de toute contagion des innovations, appuyée sur le fondement des apôtres et des prophètes, et d’accorder le repentir à ceux qui se sont séparés d’elle et qui ont appuyé leur conciliabule sur l’idée du phylétisme, pour qu’ils puissent enfin, venant à résipiscence et abjurant leurs erreurs, retourner à l’église une, sainte, catholique et apostolique, pour y adorer avec tous les orthodoxes le grand messager de paix, Dieu, qui est venu réunir tous les hommes et annoncer la paix à ceux qui sont près et loin; car c’est à lui que sont dûe toute gloire, tout honneur et toute adoration, avec le Père et le Saint-Esprit, dans les siècles. Amen.

La copie, ayant été trouvée fidèle et exacte, a été signée seulement par les patriarches, les métropolitains et les évêques dans l’ordre suivant:

† Anthimos, patriarche de Constantinople, votant en même temps pour sa sainteté Anthimos de Byzance, ancien patriarche de Constantinople, a défini et signé.

† Grégorios, ancien patriarche de Constantinople, a également défini et signé.

† Joachim, ancien patriarche de Constantinople, a également défini et signé.

† Sophronios, patriarche et pape d’Alexandrie, a également défini et signé.

† Hiérothéos, patriarche d’Antioche, a également défini et signé.

† Sophronios, archevêque de Chypre, a également défini et signé.

† Agathanghélos d’Ephèse a également défini et signé.

† Panarétos d’Héraclée a également défini et signé.

† Dionysios de Nicomédie a également défini et signé.

† Ioannicios de Nicée a également défini et signé.

† Gérasimos de Chalcédoine a également défini et signé.

† Néophytos de Derci a également défini et signé.

† Grégorios de Tournovo a également défini et signé.

† Dionysios de Didymotichon a également défini et signé.

† Sophronios d’Iconion a également défini et signé.

† Chrysanthos d’Ancyre a également défini et signé.

† Mélétios d’Enos a également défini et signé.

† Chrysanthos d’Ancyre a également défini et signé.

† Mélétios d’Enos a également défini et signé.

† Gabriel de Samos et d’Icarie a également défini et signé.

† Théophilos de Sozouagathopolis a également défini et signé.

† Païsios d’Imbros a également défini et signé.

† Anthimos de Vélégrada a également défini et signé.

† Callinicos de Nyssa a également défini et signé.

† Dionysios de Svornic a également défini et signé.

† Ignatios de Lititza a également défini et signé.

† Païsios de Vratza a également défini et signé.

† Eugénios de Mélitopolis a également défini et signé.

† Cyrillos d’Anastasiopolis a également défini et signé.

† Dionysios de Pamphilos a également défini et signé.

† Gennadios de Chariopolis a également défini et signé.

† Athanasios d’Argyropolis a également défini et signé.

† Parthénios de Laodicée a également défini et signé.

Ensuite sa sainteté le patriarche œcuménique récita la prière et congédia le saint et grand synode.

† Anthimos, patriarche de Constantinople votant en même temps pour sa sainteté Anthimos de Byzance, ancien patriarche de Constantinople.

† Grégorios, ancien patriarche de Constantinople.

† Joachim, ancien patriarche de Constantinople.

† Sophronios, patriarche et pape d’Alexandrie.

† Hiérothéos, patriarche d’Antioche.

† Sophronios, archevêque de Chypre.

† Agathanghélos d’Ephèse, votant en même temps pour Théophilos de Sozoagathopolis.

† Panarétos d’Héraclée.

† Dionysios de Nicomédie.

† Ioannicios de Nicée.

† Gérasimos de Chalcédoine.

† Néophytos de Derci.

† Grégorios de Tournovo.

† Dionysios de Didymotichon.

† Sophronios d’Iconium.

† Chrysanthos d’Ancyre.

† Mélétios d’Enos.

† Gabriel de Samos et d’Icarie.

† Païsios d’Imbros.

† Anthimos de Vélégrada.

† Callinicos de Nyssa.

† Dionysios de Svornic.

† Ignatios de Lititza.

† Païsios de Vratza.

† Eugénios de Mélitopolis.

† Cyrillos d’Anastasiopolis.

† Dionysios de Pamphilos.

† Gennadios de Chariopolis.

† Athanasios d’Argyropolis.

† Parthénios de Laodicée.

Dorothéos Evelpidès, grand protosyncelle, votant en même temps pour sa grandeur Païsios évêque de Sévastia.

Bénédictos, archimandrite.

Grégorios Photinos, directeur de l’école de théologie de Halki.

Philothéos Bryennios, directeur de la grande école patriarcale.

Nicéphoros Glycas, archimandrite.

Jean Anastasiadès, archimandrite.

Hilarion Canacès, archimandrite.

Germanos Aphthonidès, archimandrite.

Gennadios de Lavra, archimandrite, représentant ordinaire de la montagne sacrée.

Porphyrios d’Esphigménou, archimandrite.

Eugénios Chrysochérès, archimandrite.

Cyrillos Grégoriadès, archimandrite.

Ambrosios Chrestidès, archimandrite.

Callinicos Photiadès, protosyncelle.

Parthénios, supérieur de la succursale du mont Sinaï à Balata.

Métrophanès, grand syncelle.

Constantin, grand archidiacre.

Grégorios Zigabénos, diacre.

Constantin Vaphiadès, diacre.

Constantin Valiadès, diacre.

Arsénios d’Ibères, moine.

Callinicos Eutychidès, archimandrite, premier secrétaire du saint synode permanent.